Gatsby : Le livre de Francis Scott Fitzgerald

Ça y est, je l’ai enfin lu. Et quelle lecture ! Honnêtement j’avais peur de tomber sur un classique poussiéreux ou se croise une écriture lourde et une intrigue grotesque et chevaleresque.. (Pas tous hein on se calme !) Et je me suis, au contraire, retrouvé plongé dans un récit aux multiples talents. Premièrement celui de me faire vivre une époque que je n’ai pas connu, les années 20 près de New York, dans un monde fait de mondanités, superficialité et faux-semblants. Une intrigue subtile et des personnages incarnés alliant charme, jalousie et tension. Ce livre est très énigmatique jusqu’au dénouement et pourtant nous ne lisons pas un thriller pour autant. J’ai adoré le personnage de Gatsby bien évidemment, les apparences sont trompeuses et les « méchants » ne sont pas souvent ceux que l’ont croit.. Ceci est un des nombreux messages que ce roman nous transmet. Je trouve que Fitzgerald est un virtuose des mots, brillant, vraiment.

Je n'ai jamais vu le film, et j'ai eu envie de découvrir ce classique dont j'entends si souvent parler. J'ai trouvé l'histoire plutôt simple mais intéressante. Le postface dans mon édition apporte des éléments de compréhension qui impact la façon dont je me souviens de ma lecture, et permette de mieux apprécier ce roman. Bien que court et avec un rythme plutôt rapide, je trouve que l'on obtient toutes les informations nécessaires pour suivre l'intrigue et s'y attacher. Il n'y a pas de chichis, on est directement dans les actions et on ne s'ennuie pas. Cependant, cela veut aussi dire que l'on n'a pas spécialement le temps de vraiment s'attacher aux personnages et de bien les comprendre. L'écriture est accessible, j'ai été plongée dans cette Amérique des années 20 et dans ce monde de la haute société, où les apparences comptent plus que tout et où l'hypocrisie sociale est reine. Un portrait d'époque qui permet de découvrir une partie de la société inatteignable pour une majorité. La fin était un peu confuse pour moi, il y a certaines choses que je n'ai pas compris dès le début ce qui a impacté mon appréciation du roman. C'est tout de même un classique que je recommande de lire, il est très accessible, avec une histoire d'amour prenante tout en dressant la réalité d'une partie de la société.

On a souvent insisté sur la critique sociale qui est proposée par le roman de Scott Fitzgerald. C'est peut-être le propre d'un grand roman que d'offrir au lecteur des tas de grilles de lectures différentes. Car, personnellement, l'aspect sociétal ne m'a pas du tout intéressé dans le livre. Pour tout dire, je ne suis même pas sûr de l'avoir perçu. Il faut avouer que je ne suis pas très compétent en ce qui concerne la société américaine du début du XX° siècle. C'est, en tout cas, bien autre chose qui m'a fasciné dans ce roman. L'écriture en premier qui, bien que traduite, se révèle magnifique. Mais cela est très subjectif. Qu'est-ce qu'une écriture magnifique? Je la définirai par un biais: la sensation que le lecteur éprouve. Un sentiment strictement personnel. La sensation de la beauté qui, en ce qui me concerne passe par la lisibilité et des moments d'éblouissements. Cela ne veut absolument rien dire. Et j'en suis conscient. J'associe "lisibilité" avec le flux de la lecture. On n'a jamais tendance, dans ce livre, à vouloir accélérer, à sauter des lignes, voire des pages. Même si cela ne vaut que pour moi, il est obligatoire que de nouveaux lecteurs le ressentent aussi (mais pas tous). Quant aux "éclairs", c'est encore plus mystérieux. Pour arriver à l'expliquer, il faudrait être capable d'expliquer ce qu'est la beauté. De cela, je ne suis pas capable. La seule chose que je connais, c'est la sensation que me procure ce qui est, pour moi, beau. Allez savoir... Au delà de l'écriture, il y a l'histoire. Et, dans ce cas, essentiellement des personnages. Certains sont détestables. Mais jamais caricaturaux. D'autres sont nostalgiques, désabusés, brisés presque... Pourtant la plupart sont jeunes. Mais leurs vies respectives les ont déjà éloigné d'eux-mêmes, de ce qu'ils sont, ou ont rêvé d'être... Au delà des personnages, il y a l'histoire. Qui nous ramène aux personnages. Un chassé croisé de destins et de malentendus. Et le Destin, au sens du fatum des grecs, qui broie indifféremment les êtres. Pour tout cela, le roman n'est pas daté. Il l'eut été si son objet n'avait consisté qu'en une critique sociale. Son objet essentiel est le hasard, et la nostalgie éprouvée à l'égard des chemins que l'on n'a pas pris. Ou pas su prendre.

Je demeure dubitatif à la suite de la lecture de ce roman hyper-célèbre. Je n'ai jamais vu les films qui en sont tirés (que ce soit avec Robert Redford ou Leonardo di Caprio) mais je m'en faisais, comme dans les bande-annonces vraisemblablement, une débauche de fêtes luxuriantes voire orgiaques. Mais que nenni. Certes, elles sont évoquées, mais en creux, avec le fameux Gatsby qui arrive (habilement) tard dans le roman et dont l'origine de la formule est soumise à toutes les rumeurs. J'y vois plutôt une histoire d'amour absolu, pendant les années folles, empreinte d'une nostalgie mélancolique ou une mélancolie nostalgique, au choix de chacun. Les personnages féminins secondaires frôlent la caricature mais sont contrebalancés par la bonne decription de cette société aisée, avide de vivre même artificiellement, au bord du précipice que sera 1929. Une drôle d'impression pour un livre aussi célèbre qui peut pâtir de l'image féérique que les films ont faussement renvoyée.