Introduction à l'histoire des sensibilités : Le livre de Christophe Granger, Sarah Rey

Ce qui ressort avec bonheur de la lecture de ces pages, c'est l'idée selon laquelle les sensibilités ont une part décisive dans la mise en ordre des mondes sociaux. Ce d'autant plus qu'à côté des sens, se tiennent les états affectifs, les sentiments divers (à l'égard des enfants, familiaux, conjugaux), les rires, les larmes, les peurs, les haines, les douleurs, etc.

Un ouvrage documenté et érudit qui entreprend l'état des lieux " aussi concrètement que possible " d'une approche historienne stimulante, et en expansion depuis deux décennies.|Claire Berest

L' Introduction à l'histoire des sensibilités est bien davantage qu'une propédeutique à un champ historiographique en plein essor. S'il synthétise dans leurs objets et leurs acquis les travaux menés depuis plusieurs décennies par les historiennes et les historiens des sens, des affects et des émotions politiques, l'ouvrage s'attache aussi à démontrer la pertinence qu'il y a à les rassembler sous l'étiquette d'une histoire des sensibilités dont il n'euphémise pas pour autant l'hétérogénéité, ni les tensions qui la tiraillent.

Les sens ont-ils une histoire ? Comment changent les manières de voir, de sentir ou de toucher ? Comment se transforme ce qui s'offre à l'oeil ou au nez des individus et la valeur qu'ils attribuent à ses messages sensoriels ?

Il faut souligner le souci des auteurs d'analyser des exemples récents (dont certains mis en lumière dans des encadrés aisément repérables), de proposer des conseils méthodologiques, de présenter une bibliographie qui s'apparente à un véritable panorama du dynamisme de la recherche et des apports de cet angle de questionnement. Véritable " Repère " (selon le titre de la collection), l'ouvrage parvient à convaincre le lecteur d'envisager l'histoire des sensibilités comme un outil de problématisation du réel, et une voix pour comprendre la construction sensible du social et la construction sociale du sensible.|Isabelle Coquillard