Journal d'un vide : Le livre de Emi Yagi
Puisqu'elle est la seule femme de son équipe, c'est Mme Shibata, une jeune trentenaire diplômée, qui hérite des tâches quotidiennes les plus ingrates. Faire le café, ranger la salle de réunion, laver les tasses sales de tous ses homologues masculins... Mais un jour, dans un accès de rébellion non prémédité, elle refuse. L'odeur d'un mégot se consumant au fond d'une énième tasse de café lui donne la nausée.
Du fait de sa grossesse, annonce-t-elle. Seule ombre au tableau : Mme Shibata n'est pas enceinte...
Une mécanique folle se met alors en marche tandis qu'une nouvelle vie s'offre à elle. Sa condition la protège désormais des heures supplémentaires, de la photocopieuse et de la machine à café. Elle peut enfin se reposer, suivre des cours d'aérobic prénatale, et même... assister à sa première échographie. Alors que son ventre grossit et que la frontière avec la réalité s'estompe, une question demeure : jusqu'où cette " grossesse " peut-elle aller ?
" Ironique et intelligent... Pertinent et drôle... Parfaitement équilibré... À la fois simple et profond. " The Japan Times
De (auteur) : Emi Yagi
Traduit par : Mathilde Tamae-Bouhon
Expérience de lecture
Avis Babelio
Tachan
• Il y a 2 mois
Au côté de la littérature feel good, je me rends compte que j’aime énormément la littérature sociétale asiatique. Alors j’avoue que quand j’ai lu qu’Emi Yagi nous racontait comment une femme, en ayant marre des corvées imposées par son sexe au travail, filoutait tout le monde en racontant être enceinte, j’étais curieuse de voir comment cela allait finir. Premier roman d’Emi Yagi, Journal d’un vide fut un succès critique au Japon avec à la clé le prix Osamu-Dazai pour l’autrice. J’ai vite compris la raison de ce succès : un récit percutant, une plume simple et acérée, une histoire immersive où se met facilement dans la peau de l’héroïne et un propos des plus actuels sur cette déshumanisation du travail. En à peine plus de 200 pages, l’autrice nous met une petite claque et le tout sans faire de dramaturgie excessive ou de sensationnalisme. A la place, elle nous plonge dans le quotidien d’une jeune employée presque au bout du rouleau qui en a marre, à cause de son sexe, de devoir faire des tâches qui ne rentrent pas dans ses attributions. Alors un jour, sans réfléchir, elle sort qu’elle ne peut pas préparer le café parce qu’étant enceinte, l’odeur l’incommode. C’est le début du mensonge. Entrouvant ainsi la porte à une critique en règle du monde du travail japonais, l’autrice s’en donne à coeur joie : masculinisme et âgisme en tête, mais aussi pression pour des heures supplémentaires, sexisme et harcèlement, déshumanisation générale, ce n’est pas un milieu où il fait bon vivre. C’est un lieu où on se sent vide, vide de tout. Pourtant l’héroïne s’y plaît d’une façon, elle aime ce qu’elle fait, ce pour quoi elle est payée et a même un collègue qu’elle va peu à peu apprécié d’apprendre à découvrir, mais ce sont tous ces à côtés qui lui pourrissent la vie. Entrée dans cet engrenage, c’est assez jouissif de la voir s’embourber dans le mensonge au point de s’en convaincre, voire de mélanger réalité et fiction, au point que nous-même lecteur on ne sait plus très bien ce qu’il en est. Shibata tient un journal de grossesse, suit une application, se met à prendre du poids, va faire du sport prénatal… Elle plonge vraiment dans un autre monde et nous aussi avec elle. Ainsi au-delà du côté, jusqu’où va-t-elle aller, comment va-t-elle s’en sortir, il y a aussi le plaisir de découvrir le quotidien d’une femme enceinte célibataire. J’ai aimé ce portrait du Japon de nos jours. J’ai apprécié de voir ce qui était fait ou pas fait pour les femmes enceintes : le petit badge pour les transports en commun, les examens prénataux et les lieux existants pour accompagner les futurs parents, les clubs de sport que l’entreprise prend en charge, l’application pour accompagner au quotidien… C’était enrichissant. Bien sûr, en plus, je me suis très vite attachée à cette femme qui s’embourbe dans son mensonge. Vivant seule, totalement prise par le rythme de son travail avant ce mensonge, elle me faisait mal au coeur. Quand elle raconte qu’elle rentrait tellement tard qu’il n’y avait plus rien de bon au supermarché ou qu’elle n’avait même plus l’énergie de prendre un bain chaud, c’est édifiant. A l’inverse quand cette grossesse lui permet de se réouvrir sur le monde, on la voit prendre plaisir à redécouvrir les petits plaisirs de la vie et à faire du lien social, notamment avec d’autres futures mamans et un collègue. Ce n’est plus la même. Et l’autrice nous fait très bien pénétrer dans son quotidien. Reste un final un peu en demi-teinte que je ne sais pas comment prendre. Est-ce que l’autrice est tombée dans la facilité ? Je me demande. Est-ce qu’elle a entourloupé le lecteur ? Est-ce que les indices étaient trop grossiers ? Ou est-ce que c’est un piège dans le piège ? Je n’ai pas toutes les clés ou en tout cas, le doute persiste sur mon interprétation, mais il y a aussi un petit plaisir jouissif là-dedans, car ce n’est pas une ligne droite. Amusante histoire d’un mensonge qui échappe à sa créatrice, Journal d’un vide est aussi un portrait édifiant de la femme japonaise dans le milieu de l’entreprise et de la femme japonaise enceinte dans son quotidien. J’ai trouvé les deux passionnants, surtout porté par cette écriture et ce portrait de femme grinçant qui secoue et remue mais amuse aussi. L’autrice a été maligne de bout en bout et je serais intriguée de voir ce qu’elle proposera ensuite. En tout cas, si vous avez d’autres romans japonais sociétaux, je suis preneuse.
Ligustre
• Il y a 2 mois
Une femme seule c'est normal par les temps qui courent, au Japon ou ailleurs. Après il y a le désir d'enfant conscient ou inconscient et quoi en faire si l'on veut mener son plan de carrière quelle qu'elle soit. Il s'avère que l'on peut mener à bien les deux même si peut-être la situation des femmes laisse à désirer (elle laissera toujours à désirer). Cependant ce qui saute aux yeux, la modernité offre tout en tas de gadgets qui nous donnent la légitimité de faire semblant, car ce petit livre parle de la coupure avec le monde d'antan où la femme remplit son rôle d'épouse et de maman concrètement. L'héroïne, en quelque sorte créatrice de contenu, a trouvé sa niche par le virtuel et elle obtient une supériorité et un pouvoir par rapport tant aux femmes qu'aux hommes qui lui accordent les privilèges. Tous cela ne jouant qu'un jeu d'images de de stéréotypes, elle s'en sort haut la main restant dans son monde où l'illusion vaut plus que la vraie vie et même si le prix à payer est la solitude.
SophieGarbisu
• Il y a 3 mois
Le vide se réfère à l'absence de bébé dans son ventre alors qu'elle suit toutes les étapes de la grossesse après un mensonge à son travail. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman. Le titre m'intriguait, et je n'avais encore jamais lu d'auteur ou autrice japonais. Le postulat de départ est plutôt amusant: pour se débarrasser des corvées dans son entreprise, notre personnage annonce qu'elle est enceinte. On suit donc l'avancée d'une grossesse fictive. La situation est assez cocasse et on plonge dans le quotidien d'une femme enceinte au Japon avec les particularités de cette société dans le suivi d'une grossesse. Vers le milieu du roman, on commence à avoir un doute. Certains éléments anodins et qui semblent sans intérêt du début prennent du sens vers la fin du roman. Le dénouement laisse planner le doute et au final, ce roman frôle le fantastique! C'est une lecture facile et plutôt agréable, mais je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus caustique. Je me demande si une partie n'a pas été perdu avec la traduction. Ou bien simplement, mes yeux occidentaux ne saisissent pas l'ironie de certaines situations pour une japonaise, bien que j'ai des notions de bases de la culture et des règles de savoir-vivre japonaises.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221257272
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- Collection ou Série
- Pavillons
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 224
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- Dimensions
- 217 x 138 mm
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20,00 € Grand format 224 pages