Kramer contre Kramer : Le livre de Avery Corman

Poche

Robert Laffont

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" L'histoire de la complicité "obligée' entre le père ultracarriériste et le fils orphelin de sa mère remet bien des idées reçues en cause. " Marine de Tilly, Le Point.

Alors que sa femme Joanna est enceinte de leur fils Billy, Ted Kramer, un jeune publicitaire new-yorkais, jure qu'il deviendra envers et contre tout – et surtout afin de surmonter une peur panique de la paternité – un père parfait, un père modèle, Dieu le Père. Il ne croit pas si bien dire. Quatre ans plus tard, Joanna, frustrée par sa vie de femme au foyer, le quitte en lui abandonnant la garde de leur fils. Acte destructeur et fondateur à la fois, la désertion de Joanna met à terre les valeurs conservatrices de Ted, et le force à repenser entièrement son mode de vie et son quotidien avec Billy. Jusqu'au jour où, un an et demi plus tard, ce fragile équilibre est menacé par la réapparition de Joanna, qui réclame la garde de l'enfant.
Témoin du tournant culturel qu'entraînent dans les années 1970 les mouvements féministes, Kramer contre Kramer a remis en question avec finesse et humanité les idées conventionnelles sur le mariage et l'instinct maternel.

De (auteur) : Avery Corman
Traduit par : Béatrice Gartemberg

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Bobby_The_Rasta_Lama

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

"Quand père et fils sont d'accord, la famille prospère." (Confucius) Il semblerait que le maître Confucius a largement sous-estimé l'élément féminin, dans cette affaire d'accords... La boîte à livres chez mamie m'a cette fois généreusement proposé ce morceau classique, connu de tous grâce au film éponyme de 1979, porté par le mémorable tandem Hoffman/Streep. Avant, je n'avais qu'une vague idée qu'il pouvait s'agir de l'adaptation d'un roman, et je aurais été bien incapable de vous donner le nom de son auteur. Avery Corman, donc. Un sympathique moustachu souriant depuis une photo déjà jaunie sur la couverture Technicolor, et une agréable surprise. Certes, le livre est loin d'être une prouesse littéraire. C'est un drame familial, nota bene ordinaire, sur les démêlés autour de la garde d'un enfant, qui peut arriver n'importe quand à n'importe qui. Je pourrais même le qualifier de tire-larmes sentimental que j'essaie généralement d'éviter, mais celui-ci ne m'a pas arraché un seul rictus sarcastique. Bien au contraire : je croisais les doigts pour Ted, et j'étais enchantée par la façon dont Corman décrit ses nouvelles responsabilités et son attachement grandissants envers le petit Billy. La sentimentalisme de certains dialogues frôle parfois les limites du supportable, mais l'auteur se garde bien de les franchir et de transformer ainsi son histoire en kitsch littéraire. Qu'il en soit remercié ! Pendant la lecture, une question bête me taraudait : comment pourrait-on éventuellement appeler le pendant masculin de "féminisme" ? "Hominisme" ? Je suppose qu'aucun homme ne voudrait être un "hoministe", et encore moins un "meniniste"... les connotations que ces mots évoquent ne sont pas des plus plaisantes ni des plus virils (homicide, homoncule, méningite, ou, paradoxalement : Las Meninas...!). J'ai donc interrogé Google, ce puits de sagesse. Même en remuant ses eaux troubles avec suffisance, il ne m'a sorti rien de bien convaincant. "Androcentrisme", voyons. Hm, mais il s'agit davantage de la supériorité masculine, on s'égare déjà du chemin... ou non, plutôt, on reste sur le même chemin pendant des millénaires, mais ce n'est pas forcément le bon. "Genderman"... ? Je trouve largement préférable que l'on soit un "gentleman". Donc finalement le "masculinisme", paraît-il. Mais même cette appellation porte comme une légère odeur de vestiaires dans une salle de musculation, alors je laisse ce précaire sujet aux plus avisés que moi, et je reviens vers les Kramer. Grâce au film, leur brouille est devenue tellement notoire que j'ose croire que les lignes suivantes ne seront plus un spoiler pour personne. Mais si vous ne savez pas de quoi il s'agit et que vous avez envie de lire le roman, je vous prie de sauter l'avant dernier paragraphe... Madame Kramer - une dame attractive - s'ennuie dans son couple. Son enfant l'ennuie, le congé maternité prolongé l'ennuie, son mari l'ennuie. Cette madame Bovary moderne fait donc son baluchon, et laisse son époux et son petit garçon de trois ans à leur destin. Monsieur Kramer est au bord de la panique, mais finalement il va réussir à prendre correctement en main tant sa vie et son travail, que l'éducation paternelle du petit Billy. A ce stade, de nombreuses lectrices vont sûrement se dire : "et alors ? Si une femme y arrive, pourquoi pas un gars ? Ca ne fait certainement pas de ce Ted Kramer un prodige !" Je suis d'accord. Et même plus - n'importe quelle femme qui a élevé des enfants comprendra aussi parfaitement les états d'âme de Joanna Kramer et les motivations de son départ, et lui donnera peut-être raison. Mais revenons à l'histoire... Ted Kramer ne pleure pas vraiment sur son sort. Il est déçu et il a le sentiment d'être trahi, mais peu à peu, il tisse des liens très forts avec son fils. Ils survivent comme toutes les autres familles incomplètes, et ils apprennent à être heureux. Au bout de deux ans, madame Kramer juge que l'enfant ne l'ennuiera plus, et elle veut à tout prix le récupérer. Son mari trouve l'idée complètement absurde, et refuse de renoncer à son fils. Les deux vont engager un avocat... [masquer]Contrairement à ce que j'attendais, le procès occupe une toute petite partie du roman, et on connait son issue : car c'est comme cela que le monde tourne, et tel est le modèle normal. Un petit enfant doit avoir une mère. Quant au père, les dimanches suffiront. Ted Kramer ne comprend pas, mais c'est la seule chose qu'il puisse faire ; il doit accepter le verdict. Il essaie d'expliquer toute l'affaire à Billy, de le préparer... et c'est à ce moment qu'Emma Bovary... pardon ! - Joanna Kramer téléphone pour dire qu'elle a changé d'avis, et qu'elle ne sera probablement pas à la hauteur de ses ambitions maternelles... elle ne veut plus de son enfant. Peut-on considérer ceci comme un happy-end ? Peut-être...[/masquer] Tout le monde a raison, personne n'a raison. Ce sont les enfants qui perdent. En pensant aux essais de Kundera, je vois ce roman surtout comme une preuve de l'importance de raconter des histoires. Histoire de monsieur Kramer, mais aussi celle de madame Kramer. Celle de leur fils. Une histoire sur le monde que l'on façonne en acceptant certaines choses comme évidentes et immuables. Il est d'autant plus salutaire de raconter aussi des histoires qui pourraient remettre certaines de ces formules consacrées en question. 3,5/5

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221197622
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    368
  • Dimensions
    182 x 123 mm

L'auteur

Avery Corman

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9,50 € Poche 368 pages