LA COLERE DE MAIGRET : Le livre de Georges Simenon

Un cadavre découvert dans une ruelle peu fréquentée le long d’un cimetière. Un tenancier d’établissements nocturnes disparu quelques jours plus tôt. Comment ne pas lier ces deux incidents et enquêter sur l’environnement familial et professionnel de la victime ? Victime qui a pu être menacée de racket ou être étroitement liée à sa ravissante secrétaire qui est par ailleurs sa belle soeur ? Et voici Maigret, et son lecteur, partis renifler dans les rues de Montmartre qui découvrent que des rumeurs entachent la réputation d’un flic honorablement apprécié … et mettent en colère notre commissaire. Un SIMENON écrit en 1962 qui préfigure les romans judiciaires de John GRISHAM. Un réel bijou.

C'est là ma seconde lecture d'un roman dont il ne restait que des bribes dans mon esprit. Il faut attendre le tout dernier chapitre pour que le titre du roman reçoive - brièvement - une justification, et à vrai dire l'on peut être un peu déçu car on aurait pu attendre que le placide commissaire sorte durablement de ses gonds! Les fausses pistes abondent et lorsque Maigret est finalement sur la piste du véritable assassin, il découvre un mobile astucieux et inattendu, dans lequel réside finalement l'essentiel de l'intérêt de l'ouvrage. À noter: un portrait attachant de la victime et de son entourage au début du roman.

Il était midi et quart quand Maigret franchit le portail flanqué de deux agents en uniforme qui se tenaient tout contre le mur pour jouir d’un peu d’ombre. Il les salua de la main, resta un moment immobile, indécis, à regarder vers la cour, puis vers la place Dauphine, puis vers la cour à nouveau. Dans le couloir, là-haut, ensuite dans l’escalier poussiéreux, il s’était arrêté deux ou trois fois, faisant mine de rallumer sa pipe, avec l’espoir de voir surgir un de ses collègues ou de ses inspecteurs. Il était rare que l’escalier soit désert à cette heure, mais cette année, le 12 juin, la P.J. avait déjà son atmosphère de vacances... Antonio Farano, gérant du « Paris-Strip », révèle à Maigret la disparition de son beau-frère, Émile Boulay, patron de plusieurs cabarets à Montmartre. Peu après, celui-ci est retrouvé, étranglé, près du Père-Lachaise. L'autopsie établira que la mort remonte à deux jours au moins. Maigret reconstitue les faits petit à petit... Obsédé par quelques images qui lui viennent des éléments fournis par l’enquête, Maigret laisse éclater sa colère à la fin du récit, en apprenant qu’on a abusé de son nom pour le mêler à une escroquerie.