La disparue de la réserve Blackfeet : Le livre de Anaïs Renevier

UNE ALERTE « Tout le monde dans ce pays mérite de se sentir en sécurité au sein de sa communauté, mais une longue histoire de la violence contre les personnes natives a mené à la disparition et aux meurtres des Natifs américains à une vitesse alarmante.» (Deb Haaland, ministre de l’intérieur des USA pour quelques jours encore, 1ère femme amérindienne à accéder à un tel poste) Tout est dit ici. Tout est dit de cette violence. Tout est dit de ce peuple éternellement opprimé. De cette histoire qui se répète inlassablement. Elle est « la disparue de la réserve Blackfeet ». Ashley Loring Heavyrunner est le symbole de toutes les disparues. Elle rêvait de protéger les chèvres des Montagnes Rocheuses; pour le moment, et depuis 2017, elle est portée disparue. Ici dans le Montana les disparitions, les morts, c’est un peu comme le froid et les ours. C’est courant. « Les crimes c’est comme la neige, ça vous tombe dessus par surprise, plus souvent qu’on ne l’imagine. » Une femme native disparaît toutes les 8 heures aux États-Unis, dans une quasi indifférence générale. L’histoire d’Ashley, 7 ans après, reste sans réponse. Sa sœur Kimberley, puis sa mère Loxie, continuent d’enquêter, d’espérer, d’alerter; car dans le Montana il faut d’abord compter sur soi et surtout pas sur les autorités locales et leur racisme ordinaire synonyme d’inaction, d’approximation, de preuves égarées. Une justice impossible. Une inextricable affaire prise dans un tissu obscur de rumeurs. Sept ans après et toujours autant de questions, de pistes potentielles, et des témoins qui disparaissent. L’abnégation de ces familles force le respect- elles organisent des battues, lancent des alertes sur les réseaux, enquêtent sans relâche, se substituant aux autorités locales. Une situation révoltante racontée par Anaïs Renevier qui a mené une enquête remarquable sur l’affaire d’Ashley et plus largement sur la situation des femmes natives. Ces femmes qui n’ont d’autres solutions que la solidarité pour se sentir fortes et tenter de dissiper ces « nuages noirs », qui hantent leurs jours, comme Ashley, attendant que cesse enfin cette spirale meurtrière sur leur communauté depuis trop longtemps opprimée.

Voici donc le petit dernier de la formidable collection de 10/18 et du magazine Society. Anaïs Renevier, l’autrice de l’Affaire Alice Crimmins dans la même collection, s’attelle à une affaire révoltante : la disparition en juin 2017 d’une femme amérindienne, Ashley Loring Heavyrunner, dans la réserve des Blackfeet dans le Montana. Devant l’insistance des autorités à ignorer les faits, sa sœur, Kimberly, enquête, afin que le nom de sa sœur ne tombe pas dans l’oubli. Se faisant, elle découvre que son cas est loin d’être isolé… En enquêtant sur cette affaire, l’auteure met en lumière un scandale judiciaire. Les féminicides, viols, disparitions sont légions et ceci, dans la plus grande indifférence. Ce thème n’est pas sans rappeler le problème similaire rencontré par les femmes des Premières Nations dans les réserves du Canada. Par un curieux hasard, j’ai lu en même temps la poésie de Virginia Pesemapeo Bordeleau qui évoque le féminicide autochtone ( Marche pour Sindy), et il est vraiment passionnant de constater les ponts que la littérature peut créer sous des formes pourtant très différentes. #128420; L’enquête d’Anais Renevier est extrêmement poussée et complète, elle révèle des statistiques effarantes. Elle montre également la peur qui touche ces femmes, ce cycle de la violence inéluctable qu’on inculque à ses filles « sur ces réserves les mères apprennent à leurs filles ce qu’il faudra faire quand elles seront violées ». #128171; Heureusement, ces cold cases accumulés dans les archives finissent par provoquer une levée de bouclier. Kimberly trouve un peu de réconfort auprès d’autres proches de victimes et de pionnières du MMIW ( Missing And Murdered Indigenous Women). En opposant les stats effroyables aux actions menées par ces familles, Anaïs Renevier choisit de mettre l’espoir en lumière, parce que dénoncer ne suffit pas. Il faut aussi croire.#128171; Voilà donc une lecture passionnante et nécessaire, indubitablement.

"La disparue de la réserve Blackfeet" d’Anais Renevier paru aux Editions 1018 Voici le petit dernier de la collection Society que j'aime beaucoup. Dans ce livre, l’autrice revient sur la disparition d’une jeune femme : Ashley Loring Heavyrunner. Cette femme vit dans une réserve amérindienne dans le Montana. Un jour de juin 2017, elle disparaît. Quelques heures avant, elle échangeait des sms avec sa soeur, mais elle avait un comportement étrange depuis quelques jours, allant de chez son père à chez sa grand-mère, parlant toute seule... Sa famille, et surtout sa sœur Kimberly, va la chercher pendant des semaines, des mois, et même des années. Au cours de sa recherche, Kimberly fait la constatation que la police ne s’occupe pas du tout de cette disparition. Elle découvre également qu’il y a eu d’autres disparitions de femmes dans la réserve avec systématiquement ce même désintérêt des autorités pour investiguer. Durant plusieurs années, l’autrice recense plusieurs dizaines de disparitions, toutes avec le même schéma, et surtout toutes avec les mêmes résultats : aucun. On ne retrouve d'ailleurs que rarement les corps car il n'y a quasiment jamais de recherches, sauf faites par les familles et une sorte de collectif de femmes amérindiennes qui s'est lié. C’était une lecture intéressante sur la façon dont les femmes amérindiennes sont considérées, c'est à dire comme rien en fait... sauf pour leurs familles qui cherchent et attendent des réponses.

Montana, Ashley la vingtaine, disparaît . Elle vit dans une réserve, celle des Blackfeets. Être femme et amérindienne augmentent les risques d‘être violentée , de disparaître ou d’être tuée aux USA ; « Une amérindienne a plus de risque d’être violentée ou tuée que de rentrer à l’université ». C’est un excellent livre qui fait partie de la sélection des trues crimes des éditions 10-18. L’autrice - la même que le pour l’affaire Crimmins- a fait énormément de recherches, a rencontré les familles et parallèlement à l’enquête, nous raconte le quotidien des Amérindiens, les manquements de la justice, les différences entre enquêtes dans une réserve ou ailleurs. C’est effrayant de ne pas être logé à la même enseigne. On ne peut qu’être touchée par ce que vivent les femmes, c’est clairement elles qui sont au centre de tout , c’est elles qui s’occupent des enfants des « oubliées « , ce sont ekkes qui se battent pour les recherches de ces jeunes filles … oui, car il n’y pas que Ashley. La liste est impressionnante. Un livre très intéressant,, touchant et qui va sans doute être un petit coup de cœur.