La fin d'une liaison - NE : Le livre de Graham Greene

[masquer][masquer]J'en connais peu finalement, des romans qui ne traitent que de l'amour, dont la trame ne s'en écarte que pour y revenir, immédiatement, qui ne se donnent aucune liberté sur ce sujet, aucun écart, dont le long fil s'étiole dans les pensées d'un homme, puis d'une femme prisonniers de cet amour. Tout se passe en un lieu, au rythme des sentiments et des rencontres de Maurice, écrivain, et de Sarah, épouse de Henry un sombre fonctionnaire du gouvernement de Sa Majesté pendant et après la guerre. Pas d'intrigue sous jacente ni de détours, la narration n'a qu'un unique sujet, l'amour. Et le fil du récit, suivant cet objet indépassable, conduit naturellement à Dieu. Sarah s'en rapprochera, pour finir par croire lorsque la mort vient la cueillir, plus terrassée par les conséquence d'une promesse faite à Lui que par l'affliction d'une mauvaise grippe. Et cette promesse, faite alors qu'elle croyait Maurice mort sous les décombres d'une porte détruite par la chute d'un V1, lui retirera le seul homme qu'elle eut aimé et finira par lui faire aimer Dieu, au précipice de sa mort. Mais le roman ne se satisfait pas de cela, puisqu'à l'amour de Dieu chez Sarah répondra comme un négatif la haine de Dieu chez Maurice. La haine de Celui qui lui a pris le seul être aimé... [/masquer][/masquer]

Bendrix, un écrivain, a une liaison tumultueuse avec l'épouse d'un de ses amis. Le fait de faire du personnage principal un écrivain peut être rapproché de Somerset Maugham, notamment dans la Ronde de l'amour. Ce n'est néanmoins pas le thème principal du roman. On sent dès le début que ça ne se passera pas bien, qu'il y a quelque chose qui bloque, qu'il y a un parfum de tragédie. Le titre d'ailleurs n'est pas si trompeur que ça. Le style est assez tortueux, à la Bernanos, tout comme le temps de la narration qui est difficile à situer : sommes nous à l'époque des faits, un peu après ? Il y a constamment des sauts de puce temporels, le début du roman est très difficile à cause de ça, on est plongé in medias res dans un épisode particulier d'une vie dont on ne sait pas grand chose. S'agissant de la thématique principale, celle d'une femme qui vous échappe, je la rapprocherais, de façon inattendue et étonnante des romans de Paul Gadenne, qui à chaque fois traite de ce sujet, de ces ruptures intervenues pour des raisons obscures, notamment dans le Vent Noir, l'Invitation chez les Stirl ou bien dans Siloë.