Le sacrifice du Roi : Le livre de Livie Hoemmel

C'est un livre déroutant, je l'ai lu pour faire faire plaisir à un ami joueur d'échecs et écrivain. Il m'avait dit " tu es souvent déçu par tes lectures, et pour cause tu lis trop de livres grand public. Un peu comme dans l'industrie cinématographique la majorité des films sont des recettes mais de temps à autres nous tombons sur des pépites. Dans le monde littéraire c'est pareil, alors fais moi plaisir, penche toi sur "Le sacrifice du roi", c'est une exception à la règle, c'est un chef d'oeuvre destiné à un tout petit nombre de lecteurs". Impossible pour moi de résister, je me suis fait un devoir de le lire. J'avoue avoir eu toutes sortes d'émotions. Cela ne m'étais pas arrivé depuis longtemps. L'écrivaine se joue de nous, et croyez moi elle n'écrit pas pour être lu, le besoin de satisfaire le lecteur est le cadet de ses soucis. Elle , elle est venu raconter une histoire, son histoire. J'ai ressenti qu'elle découvrait au fil de l'écriture de son roman une nouvelle significations aux faits qu'elle décrivait. Elle n'hésitera pas à faire de longues digressions philosophiques. Chercherait elle à se disculper de ses actes ignobles envers Bobby Fischer ? Je crois que oui. elle prend conscience de son caractère impitoyable à travers la narration des faits. En refermant le livre j'ai été envahi de questions, j'ai alors décidé de faire ma propre enquête en lisant une biographie de Bobby Fischer écrite par Frank Brady. J'ai alors compris que Livie Hoemmel ne nous livrait pas une fiction mais la triste réalité de la chute du plus grand jouer d'échecs de tous les temps. Avais je raison ? J'avais pour cela une arme redoutable pour enfin connaitre toute la vérité. J'allais demander à mon ami qui m'avait conseillé cette lecture son avis. En effet, il pourrait peut être même me dévoiler qui se cache derrière l'anagramme "Livie Hoemmel". Lui en tant qu'écrivain il avait ses entrées dans le monde de l'édition. J'ai été surpris par sa réponse.

J'ai vécu une partie de mon enfance en Russie. Je me souviens de cette époque de ma vie avec joie. Il y avait la famille, les amis, et un mystérieux jeu pour une fille de 12 ans, les échecs. Je n'ai jamais accroché, je préferais lire et jouer avec les copines. J'etais tout de même intriguée par toutes les histoires qui circulaient autour de cet art. Et oui, ce n'étais pas un simple divertissement, c'etait une discipline artistique proche des mathématiques et de la musique classique comme le disait mon grand-père. Le livre de Livie Hoemmel m'a ému, l'écrivaine a su pénétrer l'aspect fantastique de ce jeu à travers une une intrigue hors norme. J'ai été transporté dans mon enfance avec le légendaire Bobby Fischer qui ravira le titre mondial au représentant de l'URSS, Boris Spassky. J'ai été séduite par l'architecture du roman qui entremêle à merveille la vie et la mort de l'âme russe à travers la reconquête du titre mondial en 1975. L'auteur est espiègle, il est joueur, il est complexe. Le fait d'utiliser un pseudonyme qui renvoie à un personnage du livre qui est le meilleur ami de Bobby pendant son enfance me laisse à penser que cette histoire est cruellement véridique. Bonne lecture à tous ceux qui aiment les romans historiques.

Il y a des livres qui revêtent une aura spéciale. Peut-être parce que celui-ci a croisé mon chemin par hasard. Moi qui sais tout juste déplacer des pièces sur un jeu d'échecs me serais-je arrêtée sur cette histoire ? Pas sûr. Et j'aurais eu tort. Ce livre a tout pour capter l'attention. Regardez plutôt cette couverture. Livie Hoemmel, tout d'abord, un pseudonyme sous lequel se cache un auteur anonyme. La promesse d'une révélation entourée de faisceaux. Il s'agira de nous expliquer pourquoi Bobby Fischer, le joueur d'échecs le plus talentueux de son temps, celui qui a mis fin à l'hégémonie soviétique en 1972, a déposé les armes avant l'affrontement au moment de remettre son titre en jeu en 1975. Et sous ce roi d'un rouge sacrificiel, prêt à basculer dans le vide, en lettres noires, l'ombre d'une femme, "l'arme du KGB". On pense alors à un roman d'espionnage,n'est-ce pas ? Quel manque d'imagination ! Ce que nous allons découvrir danse avec impertinence au carrefour de la philosophie et du romanesque. Notre imaginaire est titillé. Nous voici propulsés au cœur d'une nouvelle partie sur un échiquier. Dans un jeu qui, nous l'apprendrons, est une miniaturisation du monde où chacun a son importance, son rôle à jouer. Sommes-nous le pion ? Le fou ? Protègerons-nous le roi ? Au prix de quel sacrifice ? Quel génie, quel démiurge nous poussera d'une pichenette vers une nouvelle énigme à résoudre ? Peut-on se soustraire à l'affrontement qui prend forme sur ces 64 cases ? Ce roman, plein de malice, n'en finit pas de poser des questions. Et pour ma part je m'en pose encore, au delà de l'identité de l'auteur. Déjà, j'ai envie d'y replonger à la rencontre des derniers mystères cachés, de traquer les détails, de craquer le code (ou les codes ?).