L'Embaumeuse : Le livre de Juliette Cuisinier-Raynal

Juliette Cuisinier-Raynal a été thanatopractrice. Ceci est le récit de son expérience. Thanatopratrice, c'est ce métier qui consiste à réaliser des soins et "rendre beaux" les morts, souvent avant de les présenter à la famille ou avant les enterrements. Par de courts chapitres sur les anecdotes (plus ou moins sordides) de son métier, Juliette Cuisinier-Raynal nous fait entrer dans cet univers méconnu. J'ai beaucoup aimé ce récit, la franchise des mots et des anecdotes racontées. Juliette Cuisinier-Raynal accomplit ce jeu d'équilibriste de rendre vivants les morts, d'user d'humour avec respect, et de rendre humain un univers sur lequel la majorité des personnes préfère fermer les yeux. Attention, quelques passages un peu crus, gare aux estomacs sensibles. J'ai trouvé ce livre touchant, fascinant et instructif, foncez si le sujet vous intéresse.

Aujourd'hui je vous parle d'une lecture qui secoue : entre poésie, malaise et fascination. J’ai ressenti une émotion très particulière en lisant ce roman de Juliette Cuisinier-Raynal, et je peine à dire si j’ai aimé ou non. Ce livre, à mi-chemin entre témoignage et réflexion, nous plonge dans les coulisses méconnues du métier de thanatopracteur. Avant de l’ouvrir, j’ignorais tout des rouages de cette profession, et l’autrice en dévoile les moindres détails à travers ce bouquin : des corps en décomposition aux vêtements choisis pour les défunts, en passant par le côté commercial de la mort. La structure du roman, composée de petites histoires relatant chacune la toilette d’un défunt, crée une lecture fragmentée, fluide et marquante. Certaines descriptions crues et sordides m’ont donné la nausée, mais elles s’accompagnent d’une écriture empreinte de poésie. Juliette Cuisinier-Raynal manie les mots avec finesse, ponctuant son récit de figures de style et de réflexions pleines d’amour pour son métier. On perçoit, à travers ses lignes, une réelle passion pour ce qu’elle fait, et une volonté d’honorer la mémoire des défunts. Cependant, certains passages m’ont mise mal à l’aise. Par exemple, l’autrice évoque un patient obèse qui lui aurait donné "du fil à retordre" avec un ton qui m’a semblé grossophobe et déplacé. De même, lorsqu’elle s’indigne du manque de visites pour certains défunts, j’ai trouvé son jugement un peu dur. Tout le monde n’est pas une bonne personne, et si une famille choisit de ne pas se rendre à des obsèques, il peut y avoir des raisons profondes et personnelles. Le jugement est donc à mettre de côté. Malgré ces réserves, le style d’écriture de Juliette Cuisinier-Raynal est un vrai point fort. Elle oscille entre causticité, tendresse et humour noir, suscitant chez le lecteur des sourires, des rires, mais aussi des larmes. Ce livre ne laisse pas indifférent. Il éclaire sur un métier souvent invisible et aide à relativiser sur la mort, apportant une forme de réconfort inattendue. En résumé, une lecture déroutante et marquante, que je recommande malgré ses passages difficiles. Mais attention : il faut avoir le cœur bien accroché.