Les 13 mystères : Le livre de Georges Simenon

L'ÉCLUSE N° 14 Des membres d'équipage de plusieurs péniches sont retrouvés inanimés à l'écluse n° 14 du canal du Loing, près de Nemours. Ils ont tous été empoisonnés. En une semaine, la liste des victimes s'est allongée puisqu'on dénombre cinq morts et quatorze malades. La police enquête, en amont comme en aval, dans l'environnement proche des écluses, elle ne détecte aucune anomalie concernant la qualité de la nourriture vendue aux mariniers. le mystère demeure donc entier, hormis pour notre fin limier, Joseph Leborgne, qui a déjà identifié la cause de l'empoisonnement, avant même que l'on se penche sur le dossier de cette troublante affaire… Nous prenons connaissance des nombreuses coupures de presse qui alourdissent le dossier sans qu'aucune explication plausible soit avancée…. Encore une fois, Georges Simenon nous mène en bateau, c'est le cas de le dire, il nous balade, en deux pages seulement, pour tenter de nous faire découvrir la vérité. Comme d'habitude, il « noie le poisson » en nous entraînant dans un labyrinthe d'indices, plus ou moins farfelus. Son imagination galopante nous fait prendre conscience de notre manque de perspicacité, puisqu'en fait, il suffit d'un peu de jugeote pour solutionner cette énigme et trouver le coupable. Attention cependant à ne pas se retrouver « le bec dans l'eau » !

LES TROIS REMBRANDT Monsieur Wahl se décide à vendre un portrait authentique de Rembrandt datant de 1669 à l'Hôtel Drouot. le directeur de la salle des ventes reçoit, le même jour, trois tableaux identiques du peintre apportés par trois personnes différentes, au point que M. Wahl ne reconnaît plus le sien. Naturellement, la police est avertie, la vente reportée et l'enquête continue. Les avis des experts et critiques d'oeuvres d'art sont partagés et aucun ne se prononcent avec certitude. La vente a lieu trois semaines plus tard et c'est un riche américain qui acquiert les trois toiles pour un montant de plus d'un million de francs, sans que l'original du tableau ait pu être authentifié avec certitude. Cette transaction n'est pas pour déplaire à Monsieur Wahl qui s'en frotte les mains… Joseph Leborgne nous tend les photos des trois Rembrandt et, effectivement, il est bien difficile de les différencier, ils sont identiques ! Comme d'habitude, la presse fait ses choux gras de ce fait divers et force est de constater que la police n'avance guère dans l'élucidation de cette énigme. Georges Simenon relate ici des faits de duplicité et de ruse, permettant à des escrocs cupides de s'enrichir sans prendre de gros risques. Ces faussaires sont passés maîtres dans l'art de la manipulation et de la tromperie, leur réputation dans la pratique du marché de dupes, n'est plus à prouver. Et dans cette courte nouvelle, c'est Rembrandt qui en a malheureusement fait les frais. Encore une affaire bien mystérieuse narrée par un Georges Simenon ingénieux qui, en quelques pages seulement, arrive toujours à nous surprendre !

LA CHEMINEE DU LORRAINE La cheminée du vapeur « Lorraine », amarré au port de Rouen est bouchée par le corps d'un homme non identifié puisqu'en partie calcinée. L'autopsie révèle que le cadavre a séjourné durant une huitaine de jours dans le conduit de la cheminée et porte quelques traces de blessures qui ne sont pas à l'origine du décès. On apprend par ailleurs que quinze jours avant la découverte du corps, une goélette, « le Cormoran », est restée amarrée près du vapeur « Lorraine » pendant 48 heures. L'enquête s'annonce d'emblée très difficile. S'agit-il d'un crime ou d'un accident ? La thèse du crime est privilégiée, cependant, en l'absence de témoins, d'indices et de mobile la piste de l'accident n'est pas totalement refermée… Joseph Leborgne nous tend des articles de presse et quelques croquis des lieux en nous affirmant qu'il n'y a pas besoin de posséder beaucoup de flair pour élucider cette affaire et qu'il suffit simplement d'utiliser nos petites cellules grises : élémentaire mon cher Watson ! Et c'est dans ces termes que Georges Simenon déroule une énigme étonnante et incroyable, à l'issue fortement improbable. le romancier est décidément bien surprenant et il se prend lui-même à son propre jeu en imaginant un récit extravagant, totalement irrationnel qui ne convainc personne et surtout pas ses admirateurs qui restent un peu sur leur faim après avoir lu cette nouvelle.

LE PAVILLON DE LA CROIX-ROUSSE Doté d'un formidable esprit de déduction, Joseph Leborgne se gausse d'avoir réussi à démêler, très facilement, une affaire complexe et pour le moins inimaginable : « le docteur Luigi Ceccioni sera assassiné, en son domicile, dans la nuit du 8 au 9 octobre », c'est le message que la police de Lyon a reçu la veille du crime. Une fois les constatations du décès réalisées sur place, les enquêteurs recherchent, en vain, des indices matériels liés au meurtre. Aucun coup de feu n'a été entendu et personne n'a rendu visite à la victime, et pourtant, il a reçu une balle browning de 6 mm en plein coeur. Stupéfaits, les policiers ne se prononcent pas sur cette étrange mort et attendent les résultats de l'autopsie afin de statuer sur cette affaire…. Cette nouvelle, plus invraisemblable que les autres, mérite que l'on s'y attarde. Georges Simenon nous raconte l'histoire, aussi machiavélique que farfelue, d'un homme qui maquille son suicide en meurtre afin que son fils puisse toucher l'assurance vie souscrite en sa faveur. Tout le récit tourne autour de la mise en scène de cette mise à mort programmée et se présente un peu comme l'affaire du « Mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux. Il n'y a pas de revolver, ni d'assassin, personne n'est entré ni sorti de la chambre, pourtant, tout a été organisé afin que la police soit convaincue qu'un crime allait y être commis. le scénario est tellement bien ficelé qu'il nous mystifie tous ! Il reste tout de même que l'épilogue de cette intrigue est un peu tiré par les cheveux quant à la façon, un peu ubuesque, dont l'intéressé se donne la mort…