Les émotions cachées des plantes : Le livre de Didier Van Cauwelaert, Lucille Clerc

L'auteur est plus connu pour ses fictions en particulier pour « Un aller simple » prix Goncourt 1994. Je n'avais rien lu de lui avant cet essai consacré au monde des plantes et la qualité de son texte, sa sensibilité et sa rigueur ne peut que donner envie de découvrir aussi ses romans. D'après l'auteur, les plantes (qui représentent 99 % de la biomasse) sont capables d'éprouver et de mettre en pratique toute la gamme des émotions ainsi définies : la peur, l'humiliation, la gratitude, l'imagination créatrice, la ruse, la séduction, la jalousie, le principe de précaution, la compassion, la solidarité, le sens de l'anticipation. Tous ces thèmes sont traités dans l'ouvrage, avec pour chacun d'eux un ou plusieurs cas concrets. Voici quelques exemples de l'ingéniosité des plantes : pourquoi, d'après vous, une espèce de coccinelle découpe la feuille de courge et la transporte 6 mètres plus loin pour la manger ? « Tout simplement parce que l'information de l'anesthésie locale accompagnant la destruction des feuilles a fini par être captée, et que la cucurbitacée a aussitôt réagi par deux moyens de représailles : l'empoisonnement préventif de toutes ses feuilles et l'envoi d'un message d'alerte à ses voisines, qui se rendent aussitôt pareillement toxiques. Un message chimique gazeux émis à une distance inférieure à… six mètres. » Certaines orchidées reproduisent au centre de leur fleur une forme de guêpe femelle pour attirer les mâles pollinisateurs (Page 47) Parmi tous les exemples apportés par l'auteur certains ne sont pas encore démontrés scientifiquement, mais en cours d'expérimentation comme la théorie selon laquelle le développement de plus en plus important de progestérone dans les pommes de terre pourrait réduite la fécondité humaine. L'auteur suggère qu'il pourrait s'agir d'une réaction des plantes contre l'homme, une sorte de revanche devant tous les ravages que nous faisons subir au vivant. Mais il y a plus troublant encore car vérifié par des scientifiques, ce paysan mexicain à démontré qu'il obtenait des résultats hallucinants en parlant à ses cultures. Rien dans les analyses du sol, particulièrement aride, n'est en mesure d'expliquer une telle croissance, un tel rendement (110 tonnes de choux à l'hectare, contre moins de six pour ses concurrents utilisant des fertilisants chimiques). J'ai été particulièrement frappé par les expériences de communication à distance avec un détecteur de mensonges branché sur une plante. Celle-ci réagit différemment aux intentions de son entourage humain selon que celles-ci sont bienveillantes ou délétères. Plus loin il est question de l'empathie des plantes, de leur langage et de leur sensibilité à la musique, on va ainsi d'étonnement en étonnement même si l'on était déjà un peu dans cette veine, chamanique ou animiste de la communication entre tous les êtres vivants (plantes, animaux et humains). Un très bon livre qui se lit sans difficulté et qui incite à mieux écouter la nature qui nous entoure, Victor Hugo le disait déjà il y a près de deux siècles : « C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas. » — « Les émotions cachées des plantes », Didier van Cauwelaert, J'ai lu (2024), 184 pages.