Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

Hiver 39 40 La guerre d’hiver entre la Finlande et la Russie. Norek s’appuie sur une documentation pointue, un énorme travail de recherche pour que, à l’instar de son héros, à force d’observation, de silence et de respiration contenue, l’auteur ne fasse plus qu’un avec sa cible. Une patte de romancier pour que ce ne soit pas qu’une page rébarbative de livre d’histoire, l’écriture nous transporte dans cet hiver gelé, au milieu de ces hommes, dans le fracas des obus qui tombent. Une réflexion sur l’inanité des combats, la propagande et la réécriture de l’Histoire, l’idée de nation. « le respect qu’ils montraient à leurs morts suffisait à les éloigner du gouffre. Au fond de celui-ci, la folie menaçait, et les monstres hurlaient de les rejoindre, et ces monstres portaient leurs visages. »

Olivier Norek a décidé de se renouveler, une prise de risque. comme il le dit : c'est un écrivain de terrain donc il s'est immergé dans ces terres hostiles pour être proche du ressenti des hommes de l'époque. ce qui permet aux lecteurs de vivre l'engourdissement des doigts, la brûlure du froid sur le métal, l'odeur des sapins et l'impression de flotter dans un cocon de neige. Voici l'histoire de cette guerre d'hiver dont la plupart d'entre nous n'avait jamais entendu parler, il nous plonge dans la vie de Simo Hayat et de ses camarades d'infortune. Les guerriers de l'hiver, où l'histoire de tout un peuple qui va se lever pour défendre ses terres, sa famille, ses amis quand le géant russe décide de s'en emparer. La Finlande, ce petit pays tranquille, aura 100 jours pour rappeler au monde que la force des hommes ne vient pas de leurs biens mais de leurs convictions, tout un hiver polaire pour montrer au monde que ces gens ordinaires n'auront de cesse de se battre avec leur cœur, leurs tripes contre l'envahisseur. Olivier Norek nous transporte magnifiquement dans ces terres gelées, dans le blizzard et dans la vie de ces jeunes hommes qui n'étaient pas préparés à affronter la mort, à apprendre à tuer. Il écrit avec une plume riche, addictive et poignante, se sert de son regard d'enquêteur pour les précisions historiques en étant concis ce qui n'alourdit pas le texte, son regard d'homme pour inclure beaucoup d'émotions. Un roman historique sur une guerre du bout du monde, qui n'est pas "chiant" et qui met en avant un jeune homme, Simo, qui va prouver que sauver son peuple est plus important que se battre pour conquérir. Un anonyme qui deviendra la plus grande peur du peuple russe et qui malgré des prouesses restera humble. C'est un roman abouti où il faut prendre le temps de s'imprégner du froid de la terre et des tremblements de peur des hommes. Un roman qui ne peut laisser indifférent. J'ai pu lire des avis, qui trouvaient le début pompeux, ne vous arrêtez pas à cela, on retrouve la touche Norek,avec un petit truc en plus ! Un livre travaillé qui vous transportera au sens propre comme au figuré dans l'histoire. J'en ressort frissonnante et émue Peu de livre me tire des larmes mais la passion de l'auteur pour son sujet et sa façon de nous la transmettre à réussi C'est un énorme coup de #10084;#65039; Bravo Olivier pour ce virage historique ! Les guerriers de l'hiver se sont Simo et ses frères d'arme, ses hommes qui sont aussi et avant tout ses copains d'enfance, les gens de son village et c'est pour cette raison que la confiance et la cohésion est si présente ! Ils vont se battre pour défendre leurs terres mais aussi leurs proches, c'est leur force.

Magnifique roman historique définissant avec intensité le caractère patriotique des finlandais. Il nous rappelle l'actualité de ce qui se passe en Ukraine. Nous sommes ensevelis par le froid. Cruauté, courage,engagement sont présents tout au long de cette lecture. Bravo.

Avec ce roman quasi biographique, Olivier Norek assume sa sortie du monde du polar avec panache. Lors de notre rencontre pendant un salon du livre, je lui disais avoir senti un glissement de sa plume, depuis quelques romans, vers autre chose qu'une enquête policière. Il m'a répondu, amusé : "Je suis un conteur et il n'y a pas besoin d'un flic pour qu'une histoire soit intéressante." Je suis entièrement d'accord avec ce point de vue, cependant il est difficile de convaincre un lectorat qui attend toujours le même style de littérature d'un auteur apprécié, qui a prouvé de nombreuses fois sa dextérité dans son domaine. C'est toujours un pari pour un auteur de changer de genre, pourtant beaucoup ont besoin de se délester d'une étiquette qu'ils ne renient pas pour autant. "Les guerriers de l'hiver", relève aisément le défi en étant passionnant, vibrant, puissant et instructif. À ma grande honte, passionnée d'Histoire, je connaissais mal cette période, certes "éclair", mais très meurtrière, de l'affrontement entre Russes et Finlandais. Les premiers, nombreux, entraînés, sur-équipés, répondent au désir insatiable de possession du "Petit Père des Peuples". Les seconds, formés à la hâte, recrutés dans les fermes, sans autre entraînement que celui de la chasse avec leur fusil, pour répondre à l'agression de l'impressionnante et implacable armée soviétique. Ce massacre gigantesque durera 105 jours pendant lesquels les Finlandais feront preuve d'un courage remarquable, aidés de leur connaissance du terrain inhospitalier durant l'un des plus terribles hivers où la température a baissé jusqu'à -50°C. Ils ont réussi à tenir grâce aux armes et aux munitions récupérées sur leurs opposants défaits après des affrontements ponctuels. Leur résistance est aussi due à la naissance d'une légende. Appelé "la mort blanche" d'un côté ou "le tireur magique" de l'autre, Simo Häyhä, petit homme par sa taille, mais grand par son abnégation, sa détermination, son habileté, est un sniper hors normes qui décima à lui tout seul bon nombre d'ennemis, permettant à ses frères d'armes de garder confiance et de résister à la pression de la paranoïa du "Soleil de la Nation" russe. Si, exsangue, la Finlande a fini par courber l'échine, la victoire de Staline a été vécue comme une vexation et une honte. Une conquête de moins de 15 km au-delà des frontières, il n'y a pas de quoi pavoiser ! Ce petit pays est un exemple de courage et de détermination, seul, sans aucun renfort, pourtant promis par la France et l'Angleterre. Monsieur Norek, encore une fois, vous m'avez conquise par la véracité vibrante de votre récit. Après avoir ressenti mes os glacés aux côtés de Simo, immobile des heures dans la neige, je suis prête à suivre votre plume hypnotisante n'importe où vous voudrez bien la poser. Flic ou pas, vous êtes un sacré conteur pour redonner vie à des hommes un peu trop vite oubliés. Chapeau bas !