Les infortunes de la vertu : Le livre de Donatien Alphonse François Sade
Quelles infortunes pour la vertueuse Justine ! Sans défense, elle se retrouve jetée malgré elle sur la pente du vice. Et ce n'est certainement pas au couvent qu'elle trouvera le salut : car entre les murs, où la débauche et la luxure sont les seuls mots d'ordre, les moines se livrent à des pratiques redoutables pour expier leurs désirs...
Mis à jour par Apollinaire, ce premier manuscrit offre la version condensée et originelle du plus grand chef-d'œuvre de Sade.
De (auteur) : Donatien Alphonse François Sade
Expérience de lecture
Avis Babelio
MarcoKerma
• Il y a 2 mois
J'avais arrêté Justine ou les Infortunes de la Vertu car j'avais trouvé les sévices sexuels (d)écrits insupportables mais dans celui-ci, même si l'héroïne - Justine alias Sophie, infortunée, droite et pure - subit toutes les violences y compris sexuelles, Sade les écrit d'une manière moins directe, plus recherchée, ce qui change tout : "Et le malhonnête homme m’ayant placée sur un sopha dans l’attitude propice à ses exécrables plaisirs, me faisant contenir par Antonin et Clément... Raphaël, italien, moine et dépravé, se satisfait outrageusement sans me faire cesser d’être vierge. Ô comble d’égarements on eût dit que chacun de ces hommes crapuleux se fût fait une gloire d’oublier la nature dans le choix de ses indignes plaisirs... Clément s’avance, irrité par le spectacle des infamies de son supérieur, bien plus encore par tout ce à quoi il s’est livré en l’observant. Il me déclare qu’il ne sera pas plus dangereux pour moi que son gardien et que l’endroit où son hommage va s’offrir laissera de même ma vertu sans péril. Il me fait mettre à genoux, devant lui, puis debout, et se collant à moi dans cette posture, ses ignominieuses passions s’assouvissent dans un lieu qui m’interdit pendant le sacrifice le pouvoir de me plaindre de son irrégularité. Jérôme suit, son temple est celui de Raphaël, mais il ne s’introduit pas au sanctuaire ; content d’observer le péristyle, ému d’épisodes primitives dont l’obscénité ne se peint point, il ne parvenait au complément de ses désirs que par des moyens barbares qui ramenant à l’enfance la victime du libertin, le fait jouir d’une sorte de tyrannie qu’étayent quelques raisonnements sophistiqués, que transmet malheureusement, de siècle en siècle, un usage odieux et dont l’humanité frémira toujours." Sade met l'accent sur une conception qu'il décline sans cesse en l'illustrant par les malheurs de Sophie , à savoir que la Vertu, c'est-à-dire la foi, l’honnêteté, la volonté de ne se donner que par amour etc, non seulement n'est pas reconnue ni récompensée par la société (les gens, les autorités, les pouvoirs, les lois) mais que celle-ci fait subir les pires ennuis et calamités à celle qui tente d'y rester fidèle. Sophie (Justine) a du caractère, du courage, de l'intelligence, tient tête tant qu'elle peut, ne trahit ni ses convictions ni ses valeurs, mais ne peut résister tant le "sort", la "providence", s'acharnent sur elle en écrasant chacun de ses élans vertueux par le Vice, la méchanceté, la cruauté, le mensonge, l'égoïsme, la cupidité, l'avarice, la calomnie, les violences.. Écrit, selon Sade, en 15 jours, en prison (il y passera au total 27 ans), , ce court roman, récit à la 1ère personne, permet à son auteur, qui s'est mis dans la peau de son personnage, d'y exprimer sa vision personnelle d'une société injuste et d'une nature humaine bien sombre où l'Homme est un loup pour l'Homme, l'homme une "bête sauvage" envers la femme, bien plus souvent qu'une main secourable. C'est un peu répétitif. Les nobles y sont ignobles, les soi-disant hommes de foi sans foi ni loi, obsédés sexuels, criminels, les hommes "de loi" corrompus.. Bref, cette société qui a enfermé Sade pour des actions semble-t-il assez proches que celles qu'il décrit et semblent dénoncer, il lui crache à la face son venin antireligieux et misanthrope, depuis sa cellule, dans un style souvent alambiqué, surtout au début, la langue de cette fin du XVIII siècle (voir Mme de la Fayette, l'Abbé Prévost entre autres) étant plus complexe (et souvent plus précise) que celle d'aujourd'hui, Proust se situant entre les deux. Exemple extrême, l'incipit : " Le triomphe de la philosophie serait de jeter du jour sur l’obscurité des voies dont la providence se sert pour parvenir aux fins qu’elle se propose sur l’homme, et de tracer d’après cela quelque plan de conduite qui pût faire connaître à ce malheureux individu bipède, perpétuellement ballotté par les caprices de cet être qui dit-on le dirige aussi despotiquement, de trouver, dis-je, quelques règles, qui pussent lui faire entendre la manière dont il faut qu’il interprète les décrets de cette providence sur lui, la route qu’il faut qu’il tienne pour prévenir les caprices bizarres de cette fatalité à laquelle on donne vingt noms différents, sans être encore parvenu à la définir." Ouf !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823812480
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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7,49 € Numérique 127 pages