Les petites filles modèles : Le livre de Sophie de Comtesse de Ségur, Claire Degans

La Comtesse de Ségur est l'écrivaine qui m'a fait aimer la lecture étant enfant. C'est avec elle que j'ai passé mes week-end a rêver. Pour cela je garderai sa note au plus élevé. En relisant ce récit en tant qu'adulte j'ai été moins charmée. Certainement dû au changement d'époque mais aussi au côté moralisateur que je n'avais pas trouvé si prégnant dans mon jeune âge. Ça reste qu'enfant la Comtesse de Ségur était mon écrivaine préférée. De plus, on ne peux enlever à la Comtesse, une description d'une éducation plus libre que n'importe qui de ses contemporains . J'ai donc adoré retrouver ses petites héroïnes qui m'a amené dans des réminiscences de mon enfance où on vivait encore loin de toute technologie, en lisant au coin d'un âtre de cheminée, sur un fauteuil à bascule.

Passé les tournures des phrases, la foi chrétienne ou le mode de vie daté, il reste des principes d’éducation qui font ressortir une volonté de changement de perspective. De deux chose l’une : d’un côté il y a l’exercice d’une éducation autoritaire et brutale, de l’autre une éducation façonnée par le libre arbitre et l’enseignement. La simplicité des récits de la comtesse de Ségur, historiettes ou anecdotes de salon pour certains se sont révélées pourtant être le terreau d’une nouvelle conception pédagogique à laquelle la comtesse de Ségur a participé en son temps et à sa mesure. Rappelons que la parution date de 1857. Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/12/20/mme-la-comtesse-de-segur-les-petites-filles-modeles/

Livre lu en 1970 à la suite des Malheurs de Sophie. J'avais beaucoup aimé. Cette histoire est celle de Camille et Madeleine de Fleurville élevées par leur maman et qui vont accueillir pendant quelques temps Sophie, leur petite voisine qui est martyrisée par sa marâtre. Les fillettes vont faire en sorte que Sophie puisse un peu oublier ses malheurs et apprendre à leur contact les bonnes manières.

Relecture d’un classique que j’avais découvert petite, c’est maintenant avec un regard adulte que j’écris cette critique et avec un peu plus de 20 ans d’écart. Si j’ai changé, le monde aussi a changé et encore plus depuis que la Comtesse de Ségur a écrit ce roman. Pourtant j’ai été frappé par un aspect très contemporain qui est développé dans l’histoire, à savoir que la violence des parents a une grande influence sur le développement et le comportement des enfants. En effet, la très célèbre Sophie (celle-là même qui donne son nom à ses célèbres malheurs), est très durement punie par sa belle-mère qui n’hésite pas à la battre violemment lorsqu’elle fait une bêtise. On voit alors un schéma se mettre en place, dans lequel Sophie s’habitue à la punition et finit par ne plus tellement la craindre. A l’inverse, ses amies Camille et Madeleine (les petites filles modèles) auxquelles s’ajoute la jeune Marguerite, ont des mères aimantes qui utilisent les mots pour expliquer et punissent justement en privilégiant le repentir aux châtiments corporels. C’est cette théorie de l’éducation par la non-violence que j’ai le plus apprécié dans ce roman qui s’adresse en cela aux parents autant qu’aux enfants. D’autres aspects sont plus désuets, comme la misère du peuple, la place des domestiques, les références à Dieu ou encore la maltraitance envers les animaux (mes cheveux se sont hérissés à la mort de la maman hérisson justifiée parce qu’elle mangerait les lapins et j’ai bien failli arrêter là ma lecture). En cela, il faut replacer le roman dans son contexte historique, celui du XIXème siècle. Je me demande alors si les petites filles de notre époque se retrouvent toujours dans ces histoires. Je pense que c’est intéressant de le proposer à lire aux enfants mais qu’il est nécessaire d’y apporter quelques explications et un certain recul au vu de l’évolution des mentalités .