Les Rêveries du promeneur solitaire : Le livre de Jean-Jacques Rousseau

Ceci est ma première incursion chez ce monument qu'est Rousseau, donc je me suis lancé par une voie un peu plus abordable (trouvé-je), celle des rêveries, puisqu'on m'a dit que c'était un livre assez moderne, et en plus, accessible. D'abord je dois le dire... que des jérémiades mon vieux ! Une bonne partie des promenades (e.g la huitième) s'agit rien qu'une loooongue plainte de Rousseau envers ses persécuteurs, dans laquelle il nous livre ses malheurs, son martyre et sa supériorité morale qui lui rend une victime innocente de pareils procédés. Ici s'insère également bcp d'auto-suçage, comme dans le passage suivant : [masquer] Jamais mensonge prémédité n'approcha de ma pensée, jamais je n'ai menti pour mon intérêt [/masquer] Parmi ce passage et dans tant d'autres, Rousseau nous montre être capable d'un nombrilisme très singulier. Cet état de victimisation qui borde jusqu'à la paranoïa fait le sujet de tout un dossier dans l'édition que j'ai lu. Mais loin de vouloir transcrire ici des opinions toutes prêtes et empruntées, j'essayerai juste de ponctuer que cet état d'opprobre auquel fait face J.J Rousseau lui mène à des réflexions véritablement intéressantes, qui sont peut-être le vrais bijoux de ce bouquin. Dans l'échappement de sa destinée, Rousseau livre par certains passages son bonheur retrouvé dans la solitude et la nature, qu'il décrit comme très accueillante et dont les "plus élégantes formes semblent se disputer à l'envi le droit de fixer notre attention". C'est aussi justement par moyen de cet éloignement imposé qu'il dévoile au lecteur son malheur à remplir ce rôle d'ostracisé, n'étant au fond qu'un bonhomme qui cherche l'amitié du monde et en souffre beaucoup de la réjection. Cependant, par l'oubli volontaire des passions sociales et par la contemplation de la nature où tout s'évanouit, et rien que le sentiment de l'existence prévaut, pensées et sentiments exclus, est qu'il réussit à rencontrer son genre idéal de bonheur et "jouir de lui-même en dépit d'eux (ses enemmies jalouses)". À mon avis, ce sont ces passages-là ceux qui m'ont le plus profité et rejoui dans cette lecture, Et aussi les considérations sur la chimère de tout projet de félicité. Tout au tout, une lecture agréable, mais répétitive à des moments, et pourtant assez courte. Peut-être justement agréable puisque courte.