Les ventres jaunes : Le livre de Jean Anglade

Toujours agréable de lire un roman dit Terroir. Et Anglade comme Signol, Michelet, Bordes ou Genevoix sont dans ce domaine des auteurs de référence qui me déçoivent rarement. Bien sûr, il faut savoir espacer ces lectures car les périodes traitées sont toujours un peu les mêmes et les guerres 14-18 ou 39-45, la résistance et le phylloxera sont des leitmotiv qui peuvent lasser. Ici, pas du tout, on est entre 1883 et 1900, en Auvergne (Anglade oblige) - région qui m'est chère par mes origines (un de mes grands-pères est natif de Haute-Loire) et mes migrations estivales (j'y ai acquis une maison de campagne pour le bonheur de toute ma petite famille) - à Thiers, plus exactement dans le milieu bien particulier de la coutellerie qui m'était totalement inconnu et dans lequel j'ai vraiment apprécié de m'immerger en apprenant une foule de détails passionnants. Et puis comme toujours, les personnages dont on suit le quotidien, pas toujours facile, mais qui semble serein malgré les difficultés innombrables (misère, maladies, chicanes administratives et religieuses - on ne se rend pas bien compte de ce qu'ont vécu ces gens dans ces temps si durs à vivre, que nos petites vies confortables malgré tout ce dont nous nous plaignons n'en supporteraient pas une immersion d'une journée - ces gens donc, au fil du récit nous deviennent si familiers que nous nous réjouissons avec eux de leurs amours, de leurs promotions méritées et de leurs petites joies simples et que nous pleurons leurs malheurs, leurs maladies et leur mort comme des parents éloignés mais aimés. Ce n'est pas le meilleur que j'ai lu d'où le 3,5 mais il m'a fait passer un très bon moment - en plus j'en avais grand besoin comme pause au milieu du pavé dont je parlerai plus tard à savoir L'âge du capitalisme de surveillance de Zuboff.