L'imaginaire national - reflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme : Le livre de Benedict Anderson
Qu'est-ce qu'une nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans cet ouvrage désormais classique, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Il analyse ainsi les facteurs historiques dont la conjonction – comme celle de l'émergence du capitalisme marchand et de l'invention de l'imprimerie – a permis la naissance de ces singulières " communautés imaginées " que sont les nations.
Convoquant une riche gamme d'exemples, du Brésil à la Thaïlande en passant par l'Europe centrale et l'Amérique latine, l'auteur étudie l'interaction complexe entre la logique populiste et démocratique du nationalisme et les stratégies des régimes impériaux et dynastiques à la fin du XIXe siècle. Écrit dans un style élégant teinté d'une ironie typiquement britannique, l'ouvrage d'Anderson – traduit dans toutes les grandes langues européennes – offre à la fois le plaisir d'un certain raffinement intellectuel et l'utilité d'une introduction originale à un thème trop souvent traité de façon superficielle.
De (auteur) : Benedict Anderson
Traduit par : Pierre-Emmanuel Dauzat
Expérience de lecture
Avis Babelio
cprevost
• Il y a 3 mois
« Archives à la main, M. Poutine s'emploie depuis des années à contester tout passé propre à sa voisine. En mai 2023, il apparaissait sur les écrans en train de scruter une carte du XVIIe siècle avant d'en conclure : « le gouvernement soviétique a créé l'Ukraine soviétique. C'est bien connu de tous. Jusqu'alors, il n'y a jamais eu d'Ukraine dans l'histoire de l'humanité. » Ce à quoi M. Zelensky lui avait répondu, lors d'un long discours le 23 août 2021 : « Notre hryvnia [la monnaie ukrainienne] a plus de mille ans. Elle existait à l'époque de Volodymyr le Grand. Notre trident [sur le blason du pays] a été approuvé par la Constitution ukrainienne il y a vingt-cinq ans. Ce même trident était déjà représenté sur les briques de l'église de la Dîme il y a mille vingt-cinq ans. » * Ces élucubrations croisées prêteraient à sourire si la guerre des mémoires n'avait pas dégénéré en un conflit sanglant qui a déjà fait au bas mot un million de morts. La fin de nationalisme est loin d'être en vue et il n'est pas aujourd'hui de valeur plus universellement légitime que la nation. C'est qu'il y a nécessairement des totalités sociales et le plus souvent elles ne s'effectuent pas sous les effets libres de la raison ou de la volonté. Ne pas être seul afin de survivre, rejoindre le groupe offrant la meilleure protection, aimer et haïr ensemble, s'estimer soi-même collectivement et individuellement par la participation imaginaire aux accomplissements d'un groupe, conjurer conjointement l'inquiétude quant aux valeurs et aux manières sont certainement les besoins les plus ordinaires à l'origine des grandes compositions. Ce sont ces affects qui déterminent dans l'histoire des dispositions et des adhésions des individus qui encore une fois ne reposent pas toujours sur la raison et la vérité. Benedict Anderson parle à propos du nationalisme et de la nation d'artefacts culturels de type particulier. La nation est pour lui une communauté politique imaginaire et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine. Il ne réduit pas pour autant l'abstraction intellectuelle de la communauté politique à la sensation et à l'affectivité, elle est dans son l'essai une activité bien réelle de constitution du monde extérieur et de transformation de soi. Les corps politiques se gagnent, se maintiennent et n'existent que dans la balance qui fait prévaloir les forces passionnelles de la convergence sur celles de la divergence. La persévérance ou la décomposition dépendent donc des proportions, toujours modifiables, de ces forces. La modification, est toujours possible. le droit du pouvoir en place est en vérité la volonté de la partie la plus forte de la multitude, la naissance d'un affect d'indignation, qui le remette en cause, est donc toujours possible. La disconvenance garantit le mouvement et l'histoire. Les grandes communautés sacrales, qui ont précédé les États-nations, se sont longtemps crues le centre de l'univers, un centre unique rattaché à l'au-delà par l'intermédiaire d'une langue sans pareil. L'élargissement du monde et la pluralisation des communautés religieuses, la dégradation de de la langue sacrées et la découverte de l'arbitraire du signe, ces processus généraux de fragmentation ont mis à mal la croyance ordinaire. La royauté qui, autour d'un centre élevé, organisait toutes choses d'un domaine aux frontières poreuses et indistinctes, tenait sa légitimité de Dieu et non des populations, cette royauté au XVIIe siècle a inévitablement amorcé en Europe occidentale son lent déclin. Sous le déclin de ces communautés, s'est opéré un changement en profondeur des appréhensions du monde qui a permis de penser la nation. La conception de la temporalité médiévale confondait cosmologie et histoire. Il y avait pour l'homme du moyen-âge simultanéité du passé et du futur dans un présent instantané, rattachement vertical à la providence divine : quelque chose qui avait toujours été s'accomplissait dans le futur. Cette conception a fait place à l'idée d'un temps vide et homogène où la simultanéité est transversale, intemporelle et non plus marquée par la préfiguration, l'accomplissement mais par la coïncidence du calendrier et de l'horloge. L'imprimé marchandise (interaction du capitaliste, de l'imprimé et de la fatalité de la diversité linguistique) a rendu possible, notamment à travers le développement spectaculaire du roman et de la presse au XVIIIe siècle, l'idée entièrement nouvelle de simultanéité et conséquemment rendu possible les totalités sociales du type temps transversal et séculier. Un corps politique concret qui suit une évolution calendaire à travers un temps vide et homogène est l'exact analogue de l'idée de nation, communauté solide qui s'élève régulièrement au fil de l'histoire. La Réforme au XVIe siècle, avec la traduction de la Bible, a constitué l'embryon certain d'une culture de masse. Économiquement nécessaire, l'élargissement du marché de l'imprimé aux ouvrages en langues vulgaires, aux XVIIe et XVIIIe siècles, a contribué davantage à l'essor de la conscience nationale. Enfin, la propagation des langues vernaculaires au XIXe siècle, comme instruments indispensables de la centralisation administrative d'un capitalisme de plus en plus complexe, a rendu les nouvelles communautés définitivement imaginables. Rien ne contribua davantage à assembler les vernaculaires apparentés que le capitalisme. Les langues d'imprimerie, disséminées à travers le marché, créèrent des champs d'échange et de communication unifiés : des locuteurs d'une famille linguistique qui ne se comprenaient pas dans la conversation le purent à travers l'imprimé. Ils prirent conscience ainsi, embryon de communauté nationale, de leur champ linguistique particulier. le capitalisme de l'imprimé donna une fixité inédite au langage forgeant ainsi l'image de son ancienneté si essentielle à l'idée subjective de nation. le capitalisme de l'imprimé créa des langues de pouvoir. Entre la formation des États-nations contemporains et une portée bien définie des langues, il n'y a pas cependant d'isomorphisme. Il y a en effet une infinité de parlers en Europe avant l'imprimé et pas de possibilité d'association de langues particulières et de territoires particuliers, comme le voudrait pourtant la vulgate des origines commune aux nationalismes. Les corps politiques tels que les États-nations sont multiples, différents, distincts. Ils s'arrêtent quelque part et se discriminent nécessairement. Ils font consistance sous l'effet d'affects communs spécifiques qui les tiennent assemblés, limités et dissemblables. La fragmentation, inscrite territorialement, s'effectue suivant des lignes de fracture diverses. Il faut donc admettre l'évidence de ces fragmentations et ne pas renoncer à les penser. Les corps politiques sont une union de personnes composée dans certaines circonstances et c'est ces certaines circonstances qui les caractérisent. Il faut, avec Benedict Anderson, saisir la variété des États-nations par le rapport qui les compose en une nation. Ce sont les communautés créoles (personnes d'ascendance européenne mais nées en Amérique) qui les premières eurent le sentiment de former une nation. La résistance à la main mise de la métropole, dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, prit des formes nationales plurielles. Si le libéralisme et les lumières eurent une influence considérable dans la critique intellectuelle des régimes impériaux, ils ne fournirent nullement le cadre d'une conscience tout à fait nouvelle, ni ne créèrent d'eux-mêmes la forme des communautés imaginées pour se défendre contre les déprédations de la métropole. La langue, qui ne différenciait pas les créoles de leur métropole impériale, n'a été nullement un enjeu dans les luttes de la libération nationale. Ce n'est pas davantage la volonté d'entrainer les classes populaires dans la vie politique mais au contraire la peur de leur mobilisation qui fut un des moteurs de l'indépendance contre des métropoles plus humaines envers les noirs et les indiens. Ce furent les fonctionnaires et la presse créoles qui jouèrent un rôle historique dans les luttes d'indépendance. L'empire hispano-américain multiséculaire se fragmenta en dix-huit États séparés suivant l'ancien tracé fonctionnel des unités administratives de l'immense empire. Des organisations coloniales avez créé du sens et étaient apparues comme des patries. Pour comprendre cela, il faut considérer le monde des fonctionnaires aux Amériques. Il n'y a pas de de grandes bureaucraties transcontinentales et les fonctionnaires créoles ne peuvent servir que dans leur territoire américain autonome. La naissance en terre étrangère vouait à la subordination et à l'insubordination ce personnel : né en Amérique, les fonctionnaires créoles ne pouvaient être d'authentiques Espagnoles ; né en Espagne, leurs maitres ne pouvaient être d'authentiques Américains. le journal va créer simultanément des communautés imaginées. L'imprimé quasiment inexistant va faire son apparition avec la presse au tout début du XIXe siècle. le journal en Amérique du Nord comme en Amérique espagnole va alors s'affirmer comme la clé des communications et de la vie intellectuelle. Il va avoir immédiatement un caractère régional fort. Cependant, l'immensité de l'empire, l'isolement de ses parties constitutive vont rendre la simultanéité qu'il produit généralement difficilement imaginable au niveau du continent. L'échec de l'expérience hispano-américaine, incapable d'engendrer un nationalisme permanent au niveau de l'empire, reflétait simplement le niveau de développement insuffisant du capitalisme au regard de l'étendue de l'empire. Il n'en sera pas de même comme on le sait en Amérique du Nord où des colonies de petites superficie étaient regroupées et allaient s'étendre progressivement. Un paradoxe est sans doute l'universalité formelle de la nationalité et la singularité de ses multiples manifestations concrètes. Benedict Anderson donne d'ailleurs une multitude d'exemples de cette fascinante diversité. Pour comprendre le nationalisme, il faut en effet l'aligner sur le système culturel qui l'a précédé et au sein duquel, ou contre lequel, il est apparu. Il est donc question dans son ouvrage de chose aussi différentes que la russification entreprise par les Romanov ; l'absence de nationalisme écossais sous le règne de Victoria ; le renversement du bakufu et l'instauration du nationalisme japonais ; le modèle dominant suivi étonnamment par la Hongrie et le Siam. Il y avait certes au XIXe siècle, du fait d'un prototype d'État-nation démocratique et indépendant dont ils se réclamaient, une véritable attraction des nationalismes. Ces mouvements étaient certes partis des modèles connus de la Révolution française et américaine – réécrits tout de même de fond en comble par les groupes sociaux les plus rétrogrades et les plus démagogues. Mais les langues nationales d'imprimerie surtout avaient pour les nouveaux nationalismes de la fin du XIXe et du début du XXe siècles une importance idéologique et politique centrale. Les trésors d'énergie de la vernacularisation des intellectuels contribuaient de façon décisive à façonner le rêve d'un lien nécessaire d'une langue et d'une nation. Avec la naissance de la philologie, ses études de grammaire comparée et ses classifications des langues en familles, il était d'un côté apparu que toutes les langues avaient un même statut, que toutes étaient dignes d'études et d'admiration de ceux qui s'en servaient ; d'un autre côté, le développement généralisé de la bureaucratie étatique, industrielle et commerciale se comprenaient en rapport avec le capitalisme de l'imprimé vernaculaire. Les dynastes dont la légitimité n'avaient absolument rien à voir avec la nation, à des fins purement administratives, bousculés par le mouvement, avaient érigé en parlés officiels diverses langues vernaculaires d'imprimerie. En Europe les empires étaient, il est vrai, foncièrement poly vernaculaires : la carte des puissances et celle des langues d'imprimerie ne se recoupaient nullement. Les langues officielles, elles, ne cessaient de gagner du terrain. Aussi, dans les empires austro-hongrois, russe ou turque l'interpénétration des langues avait des conséquences inévitablement explosives. La clientèle des lexicographes était à n'en pas douter socialement très différente en Europe au gré des conditions politiques mais partout où l'alphabétisation progressait, il devenait alors plus aisé, pour la réaction aussi bien que pour la bourgeoisie montante, de rallier à ses intérêts le peuple qui tirait une toute nouvelle gloire de l'élévation des dialectes qu'ils avaient toujours parlés. Les nationalismes officiels, cette fusion volontaire de la nation et de l'empire dynastique, ont été développés, comme on peut l'apercevoir, en réaction aux mouvements nationaux populaires qui proliféreraient en Europe au début du XIXe siècle. Ils ont été une réponse manifeste apportée par les pouvoirs menacés d'être exclus ou marginalisés dans les communautés populaires imaginées. Ils ont été des politiques conservatrices, réactionnaires calquées sur les nationalismes populaires spontanés qui les avaient précédés. Les nationalismes officiels n'ont d'ailleurs pas été confinés à l'Europe et au Levant. Ils firent également école, afin échapper à la domination, dans des territoires menacés par l'impérialisme comme le Siam ou le Japon. Après la première guerre mondiale alors que les Habsbourg, les Hohenzollern, les Romanov et les Ottomans avaient disparus et que l'État-nation était la norme, au nom de l'impérialisme, des politiques de même nature dans les territoires de l'Asie et de l'Afrique étaient menées. Les indiens étaient anglicisés et les coréens nipponisés sans pour autant être autorisés à rejoindre l'administration dynastique et impérialiste : le racisme, les particularismes nationaux et la résistance à la domination étrangère au sein des empires interdisaient en effet de leur faire confiance. La dernière vague des nationalismes était une réponse au nouveau style de l'impérialisme mondial qui, soudant les nouveaux principes nationaux et les anciens principes dynastiques, répondant à des exigences tout à fait pratiques, procédait à ce que Benedict Anderson appelle des entreprises de « russification » des colonies extra-européennes. Trop imposants, trop étendus pour être gouvernés par une poignée de nationaux, les empires engendrèrent donc des systèmes scolaires dont le but était de produire les cadres subalternes nécessaires à l'administration. Les structures ainsi crées, avec leurs limites strictes et leurs capitales coloniales, furent la base de nouvelles communautés imaginées dans lesquelles les indigènes pouvaient se considérer comme nationaux. Les intelligentsias ainsi formées et informées des différents modèles d'États-nations par les colons, furent les porte-paroles du nationalisme anticolonial. Des types variés (officiel, vernaculaire, créoles) furent diversement copiés, adaptés, améliorés. Dans un monde où l'État national était la norme, les nations pouvaient désormais s'imaginer, sans communauté linguistique, à partir du champ de possibles ouvert par l'histoire moderne dont chacun avait conscience. L'existence même de la nation était inséparable de la conscience politique. En Indonésie, le territoire géographiquement fragmenté en un millier d'îles, l'immensité de la population répartie en une centaine de groupes ethniques différents, ne dessinaient aucun domaine précolonial. La langue indonésienne – malais de service mélange d'ottoman et d'allemand fiscal – n'expliquait surtout pas l'unité de ce formidable puzzle. L'Afrique occidentale et l'Indochine, regroupements français, à contrario du regroupement abracadabrantesque indonésien, se divisèrent comme leur système scolaire en autant de pays. Les anciens élèves du continent noir rentrèrent chez eux pour devenir des nationalistes guinéens ou maliens ; le quoc-ngu, écriture inventée par des européens, fut le moyen d'enseignement colonial puis d'expression de la solidarité culturelle de la population vietnamienne ; de même au Cambodge et au Laos, l'enseignement se fit en langue vernaculaire. de ces contradictions entre regroupement et scission naquirent les étudiants qui devaient s'affirmer comme les premiers nationalistes. Les langues, comme on le voit, ne sont pas les emblèmes de la nation. C'est la langue d'imprimerie, non une langue particulière en soi, qui a engendré les communautés imaginées. Il restait à citer une nation européenne dont on a invoqué la diversité linguistique contre les nationalismes fondés sur la langue : la Suisse. Ce nationalisme a été situé dans la dernière vague, il est né dans une période de l'histoire où la nation devenait en effet une norme universelle, une période où il était tout à fait possible de moduler la forme de la nation d'une façon complexe et tout à fait pratique, possible de l'imaginer d'une manière qui ne nécessitait pas l'uniformité linguistique ancienne. Les menées agressives de la souveraineté et la pathologie nationaliste de la fixité et de l'éternité ne sont, en aucune manière, des tares consubstantielles de l'État-nation. En raison de leur complexité et de la diversité de leurs parties, l'intégration des États-nations n'est en effet jamais complète. Une nation invariante est une pure fiction et son éternité est un leurre. Il est d'ailleurs paradoxal, qu'aux yeux des nationalistes, la nation soit subjectivement très ancienne alors qu'objectivement son apparition sous ses formes actuelles est absolument moderne et date de la fin du XVIIIe siècle. Pour autant l'hypothèse post-nationale, qui prépare l'incontournable national étendu et qui a inévitablement toutes les caractéristiques du national exécré, n'est pas davantage réaliste. L'universel de la citoyenneté est nécessairement limité à une nation à l'exclusion des autres. Affranchi de l'appartenance nationale, nous ne le sommes cependant jamais tout à fait, tant nous sommes immergés, pliés, marqués au sceau du groupe, tant nous lui devons en définitive notre façon de penser. Nous éprouvons communément un attachement indéfectible à la nation fruit de notre imagination et sommes prêt à mourir pour elle. Nous nous attachons généralement plus facilement en effet à quelque chose que nous ne choisissons pas et auquel nous ne pouvons rien. Parce que nous ne choisissons pas les liens tissés par la nation, elle a une aura de désintéressement et elle peut réclamer beaucoup de sacrifices. Parce que la langue semble plus profondément enracinée qu'aucun autre aspect des sociétés contemporaines, parce que son acquisition requiert qu'on s'y consacre une partie de sa vie et qu'elle parait surgir imperceptiblement d'un passé sans horizon, un caractère secret pas moins déterminant s'attache puissamment à elle. Dès l'origine, la nation n'a pas été conçue hermétiquement fermée dans l'hérédité mais raisonnablement ouverte dans le langage – il n'y a pas de langue que l'on ne puisse acquérir. le racisme ne procède pas de la nation. le nationalisme se pense en effet en forme de destin historique tandis que le racisme cauchemarde une contamination éternelle hors de l'histoire. Partout où le racisme s'est développé hors d'Europe, il a été associé à la domination coloniale et à la persistance dynastique. Il était un élément majeur de la conception de l'empire qui tentait de souder légitimité dynastique et communauté nationale en généralisant à l'immensité des possessions le principe de la supériorité innée et héréditaire qui servait ses positions intérieures : l'empire colonial permit à un large contingent d'Occidentaux ordinaires de jouer les aristocrates très loin de la *Benoît Breville, LMD octobre 2024
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Sciences Politiques
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- EAN
- 9782707150073
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- Collection ou Série
- La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 224
-
- Dimensions
- 191 x 126 mm
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