Madame Bovary : Le livre de Gustave Flaubert

[masquer]J’ai adoré le passage où il est fait mention du Lac de Niedermeyer #x1f92d[/masquer]. #x1f92f

Je n'avais jamais eu l'occasion de lire ce livre à l'école et j'ai décidé de me rattraper. Au début, je l'avoue, j'ai eu du mal à accrocher. Les vieux mots français (dont beaucoup que je ne comprends pas) m'ont un peu gênée. Mais il faut remettre le livre dans son époque et c'est justement ça qui est fascinant. La critique du romantisme exacerbé fait de ce livre un vrai chef-d'oeuvre. Il est finalement aussi incroyablement moderne. Les descriptions de Flaubert sont de la dentelle et nous plonge dans le récit comme si on en faisait partie.

Pauvre Madame Bovary... Pauvre Emma victime de l'injustice de la vie... Les fées (ou Dieu ou la chance) se sont penchés sur son berceau et lui ont offert la beauté, l'intelligence, l'élégance et une belle âme... puis les fées, Dieu ou la chance l'ont abandonné sans plus s'occuper d'elle. Tant de promesses de la vie qui n'ont pas été tenues. Elle n'a pas eu de chance ! Elle n'a pas eu la chance qu'elle méritait ! Sa vie et son malheur se résument à des rendez-vous qui n'ont pas eu lieu. Elle en prend vite conscience dès le début du roman, suite à son mariage. Elle est d'une grande lucidité : // extrait : "Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme ; et elle cherchait à imaginer quels eussent été ces évènements non survenus, cette vie différente..." // Concernant Madame Bovary, la racine du mal c'est justement "le hasard". Pour elle, le hasard a mal fait les choses. Elle méritait beaucoup mieux, elle le savait et l'auteur aussi quand il écrit : " Elle valait bien cependant toutes celles qui vivaient heureuses ! .... Elle exécrait l'injustice de Dieu " Oui, Emma avait raison d'en vouloir à Dieu, le destin, la providence. Ça l'a rendu aigri et c'est normal. Elle a tout fait pour changer son destin. Elle a tenté sa chance avec le peu d'hommes que le hasard a mis sur son chemin. Mais pas assez d'occasions et pas de rendez-vous avec la chance. Il n'y avait donc pas d'issu possible et après avoir tout tenté, elle a bien fait de se suicider. Seul responsable : Dieu qui avait mal distribué les cartes la concernant. Elle a joué avec les cartes qu'elle avait en main et a perdu la partie. Elle est partie en faisant un pied de nez à Dieu ! Bravo à elle de ne pas avoir accepté une vie qui ne lui convenait pas ! Naturellement, elle a causé le malheur de son mari et de sa fille... mais peu importe, ce n'était pas son problème "à elle". (Grand classique de la littérature française)

[masquer]Le roman est en trois parties mais deux temps marquent le roman : la course au rêve, et la lente et inévitable chute d Emma qui emporte tout sur son sillage et détruit même la vie des siens au-delà de la sienne. A croire que meme sa propre vie ne suffisait pas. Ce livre est une caricature d'une femme rêveuse, vénale, éternelle insatisfaite, parvenue et insatiable. Emma se lasse de tout et n'a jamais assez dans sa folie des grandeurs. Dans son rêve d'idéal et de passion, elle sacrifie tout et ne parvient pas à aimer sur la durée et avec sincérité. L'ennui la corrompt. Son mari, son enfant, ses amants...rien n'y échappe. Emma est inconstante. Elle s amourache d'idéalistes pourtant rattrapés par leur conformisme. Toujours déçue, l'héroïne est dépressive, se laissant aller sans ménagement à la moindre difficulté. Jamais elle ne se résigne à l amour inconditionnel que lui porte son mari. Ce n est pas une ode à la liberté mais une critique de la recherche infinie d'idéaux, de statuts sociaux et de luxe, qui s avère destructrice. Flaubert écrit si bien que la lecture est fluide. De très belles métaphores et conclusions. Pour autant, il y a des longueurs et une excès dramatique qui pèse à la lecture. [/masquer]