Mon mari : Le livre de Maud Ventura, Jeanne Cherhal

Dès les premières pages, je me suis dit "quelle drôle de femme !". Obsessionnelle de l'amour qu'elle porte à son mari. Mais est ce réellement de l'amour ? Ce livre est desarconnant de la première à la dernière page. Une découverte que j'ai bien appréciée.

Une femme amoureuse de son mari, rien d’anormal, me direz vous ! Mais avec cette narratrice, cela tourne à l’obsession, voire à la folie. On ne connaît pas le nom de la narratrice ni celui de son époux. On sait juste qu'ils sont mariés depuis quinze ans, qu’ils ont deux enfants et qu’ils vivent dans une maison en banlieue bourgeoise. Leur vie est décortiquée sur une semaine, chaque jour révélant les pensées de la femme sur son mari, les raisons de son amour et ce qu’elle peut lui reprocher. Car bien qu’elle fasse sa vie autour de cet homme, qui est littéralement son soleil, l’inverse n’est pas vrai. Son mari n’est pas aussi « accro » qu’elle et semble même un peu absent, voire désintéressé, bien qu’il lui montre des signes d’affection. L’histoire peut paraître plate dans ce résumé, mais c’est sans compter sur la plume de Maud Ventura, qui réussit à transformer cette intrigue en un roman drôle. On s’interroge sur la personnalité de cette femme et sur la dynamique de son couple, avant d’être surpris par une fin en apothéose que l’on n’a pas vue venir.

L'histoire se déroule sur une semaine, du lundi au dimanche. Une femme y raconte son obsession pour son mari. En résumé, c'est essentiellement cela. Je n'ai pas trouvé ce livre intéressant. De plus, l'héroïne donne l'impression de ne pas vraiment aimer ses enfants, ce qui m'a dérangée.

Recit d’une hétérosexualité inculquée. J’ai lu beaucoup d’avis mitigés ou négatifs avant de me lancer dans ce livre, et maintenant que je l’ai terminé, j’avoue que je ne les comprends pas vraiment. Beaucoup de gens disent ne pas s’attacher au personnage principal de l’épouse, la trouver détestable, folle etc. Je ne suis pas du tout de cet avis, ce n’est pas du tout sous ce prisme que je l’ai vue et que j’ai lu ce livre. #x1f534ATTENTION SPOILER DANS LA SUITE DE CET AVIS !#x1f534 Ce livre est une dénonciation féministe. La femme n’est pas faite pour être aimée mais pour représenter toutes les injonctions faites aux femmes dans une société aussi patriarcale que la nôtre et d’ailleurs on le voit constamment dans les reproches de la femme envers son mari : elle est totalement lobotomisée et analyse TOUT à cause de ses peurs (qu’il soit infidèle, qu’il ne l’aime plus, qu’il ne la trouve pas intéressante etc.). Comme le sont toutes les femmes hétérosexuelles dans une société qui place leur valeur sociale et leur réussite par le fait d’être mariée, belle, mère, un corps à disposition pour le plaisir sexuel de l’autre, et surtout veiller à ne pas être trop négligée, trop chiante… Ce livre est le récit des injonctions patriarcales et le personnage principal de l’épouse l’incarne - et en souffre. J’ai eu pitié d’elle et pour elle, je ne l’ai pas trouvée détestable mais terriblement malheureuse. C’est une femme qui a coché toutes les cases mais qui est toujours en quête de son identité, de sa place et de son rôle dans la société, et surtout du bonheur. Puisqu’elle a tout fait comme on l’a toujours inculqué aux petites filles, pourquoi est-ce que rien ne lui semble normal dans son quotidien ? Pourquoi est-elle aussi dépendante ? Le personnage du mari, sans nom, prouve une fois de plus que lui incarne tout à fait le patriarcat et est dans son rôle de dominant : il n’est qu’un homme comme les autres, pas un individu précis. Monsieur n’aime pas que son épouse soit négligée, est totalement dans les convenances à essayer d’impressionner ses couples d’amis, laisse traîner ses affaires, se fait servir, décide quand éteindre la télévision, c’est lui qui relève le courrier, il travaille pendant qu’elle l’attend (alors qu’elle travaille aussi !) et ne s’intéresse finalement pas du tout à elle dans son individualité. L’épilogue confirme bien qu’il fait du gaslighting… et que c’est lui qui la veut assujétie comme ça. Ce livre est finalement à mes yeux le récit d’un dysfonctionnement social, d’un échec collectif sur les relations amoureuses hétérosexuelles et la souffrance que les rôles genrés imposés par la société peuvent engendrer.