Paris-Briançon : Le livre de Philippe Besson

Voici non pas un roman de gare, mais un roman de train. C'est moins commun et bien mieux. Et j'avais attendu longtemps qu'un exemplaire arrive à quai dans ma médiathèque. Dès les premières phrases vous embarquez dans ce train de nuit à destination de Briançon. Tout y est : l'atmosphère fébrile de la gare, les bagages trop encombrants à porter, le passage vite fait au Relay H pour récupérer une bouteille d'eau et un roman de gare. L'angoisse d'avoir oublié quelque chose : un truc dans sa trousse de toilette ou d'avoir bien refermé une fenêtre. Le train ensuite c'est un sas entre la vie parisienne et le calme alpin. Un monde clos où l'on se laisse porter par les rails, le train-train, comme un cocon qu'on n'a pas choisi mais qu'on finit par adopter. Ou une vieille paire de chaussures plus tout à fait jolies, mais encore confortables malgré l'usure. Bizarrement en train on avance, mais on a aussi l'impression de mettre sur pause, tout en ouvrant le champ des possibles. On n'est plus à Paris, mais pas encore à Briançon. Alors tout peut arriver. Une rencontre, une partie de cartes, une conversation avec d'autres individus eux aussi coincés dans le wagon mais libérés de la frénésie de leur vie quotidienne. Alors chacun ouvre son âme à l'aune de ses doutes et ses failles, pendant ces moments suspendus entre deux naufrages. La providence, le hasard ou le destin qui a réuni dans un moment de vie commune, ces individus qui ne se seraient jamais croisés, et encore moins adressé la parole, va changer leur vie. L'écriture est simple mais d'une justesse délicieuse et vous rappellera si vous avez pris le train de grande ligne, vos voyages passés. Les traversées des allées cahin-caha ponctuées de « pardon, excusez-moi » au croisement d'autres voyageurs, le sac à dos mal calé qui se jette dans la travée et fait sursauter tous les somnolents, le couple de vieux ronchons qui fait plus de bruit en s'engueulant que 3 garnements mal élevés, celui qui mange des chips crunch crunch en croustillant pendant tout le voyage, la bonne odeur du café venue du wagon bar, le blouson roulé en boule contre la fenêtre pour piquer un roupillon et éviter la soufflerie trop froide de la clim. Et à la fin du voyage, la perspective réconfortante entre toutes, que l'on vous attend au bout du quai avec sourire, embrassade et une paire de bras pour vous aider à charrier vos valises. Et au-delà de ce monde dans le monde, Philippe Besson distille un suspens qui nous incite à tourner les pages pour arriver plus vite à Briançon…ou pas. Alors faut-il le lire ? Oui. Et pourquoi pas dans un train...

Ma première lecture de 2025 … et quelle lecture ! J’ai rencontré l’auteur @philippebessonauteur au salon du livre de Tours en novembre dernier … Je voulais le lire depuis un certain temps et un temps certain mais je n’avais jamais osé ! Vous savez quand on idéalise une plume on a souvent l’appréhension d’être déçue ! Mes 5 min de rencontre ont été lumineuses ! En lui expliquant ma démarche j’ai donc demandé à @philippebessonauteur de me choisir mon premier livre à lire de lui !! Il a peu hésité et j’ai aimé sa remarque vous allez voir vous allez passer de l’ombre à la lumière ! Et effectivement cette lecture a été lumineuse ! Moi la géographe j’ai retrouvé des régions que j’ai aussi traversé en train ! J’ai retrouvé l’atmosphère de ces trains qui prennent leur temps … cette lenteur de lecture au rythme du balancement du roulement la rencontre avec les personnages ! Vous devez aimer les gens pour avoir si bien cibler leur essence leur caractère ! Ces personnes à qui on ne parlerait jamais en temps normal mais en train on est hors du temps ! Et puis au milieu du rythme régulier du voyage, comme une fulgurance ce choc brutal rapide … en quelques secondes tout bascule ! Merci pour ce choix ! Cette lecture malgré le drame qu’elle dévoile a ete un moment doux en ce début d’année ! Après cette lecture … quoi lire d’autres ! Alors voilà si vous me lisez monsieur @philippebessonauteur … quel prochain livre me conseillez vous ?

L'Intercités n°5789 est un train de nuit qui relie Paris à Briançon. Au départ de la capitale, les passagers s'installent dans leur cabine, sur leur siège incliné, prennent leurs marques dans cette promiscuité qui durera toute la nuit. Alors que rien ne les rapproche, une galerie de personnages va se croiser, se parler, se confier, se dévoiler même pour certains. Les langues se délient dans ce train, encouragées par la nuit enveloppante, la proximité imposée et le besoin de vérité. Chacun va trouver dans ces quelques heures une évasion bienvenue dans une routine morose et ennuyeuse. Chacun se rend à Briançon pour une bonne raison et, pourtant, certains n’arriveront jamais à destination. J’avais très envie de découvrir la plume de Philippe Besson. A la faveur de ma visite à la Foire du Livre de Brive, l’auteur m’a lui-même conseillé ce livre court mais d’une intensité rare. En moins de 200 pages, Philippe Besson dresse des portraits attachants de personnes ordinaires qui n’auraient jamais du se croiser mais que le destin va unir à jamais. D’une écriture simple et fluide, il nous transporte dans ce train pour nous faire partager les confidences de ces passagers et nous lance avec eux vers la tragédie inéluctable dont ils vont être victimes. J’ai roulé dans ce train la nuit du 31/12 et en suis sortie vivante pour le premier jour de 2025 ! Un voyage qui ne me laissera pas indemne.

Coup de cœur du mois de février 2023 A bord du train de nuit n°5789, ils sont une dizaine d’inconnus que le hasard a réuni dans la même voiture filant vers les montagnes alpines . Nous voilà donc dans un huis clos où l’auteur annonce dès le départ que tous les personnages n’arriveront pas vivant à destination. J’ai pensé à ce moment-là que ce livre serait un remake du crime de l’Orient Express mais c’était sans compter sur la plume et le style d’un Philippe Besson. L’ambiance nocturne, combiné à la difficulté de trouver le sommeil va inciter les personnages à faire connaissance par petites touches de plus en plus précises, à nouer des liens , voir même a faires de confidences. L’auteur nous décrit des personnages attachants et décortique leurs sentiments avec minutie, les met à nu, tout en soulignant la fragilité de nos vies. Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Il nous tient en haleine jusqu’à la dernière seconde . je vous en dirai pas plus.