Pendant ce temps : Le livre de Pelle Forshed

Pendant ce temps est une bande dessinée assez étrange et déconcertante. On est en Suède, dans la banlieue de Stockholm, un quartier résidentiel assez triste et impersonnel, on découvre les divers habitants du quartier. Sten est un garçon taciturne qui collectionne les papillons morts, Anna, sa mère est dépressive, Henryk, son père ne sait plus quoi faire, il consulte un psy et part faire du vélo quand il peut, en face Anne-Karin vient de s’installer avec sa fille Ilon, Odd, son mari a mystérieusement disparu subitement, Magda, sa sœur, un peu perdue elle aussi est venu s’installer chez eux pour les soutenir. Le graphisme est simple, le trait un peu grossier, schématique, sans le moindre lyrisme, la moindre emphase, la moindre expressivité. Le trait est régulier, les aplats sages et discrets, à l’image du quartier dans lequel ils vivent, totalement impersonnel. Et dans cet univers étriqué, personne ne semble à son aise, ils sont autocentrés et quand quelque chose ne tourne pas rond, comme la disparition du mari d’Anne-Karin, c’est dans leur tête que tout dérape, il se font leur propre film : la rumeur, la suspicion, les angoisses infondées et surtout la paranoïa, cela monte tout doucement, dans un crescendo lent et sournois. Une histoire qui semble sans relief nous emmène vers un gouffre formidable, elle nous questionne sur le sens de la vie, c’est troublant, vertigineux. La fin est surprenante, le piège semble se refermer sur nous et enfin on rit, d’un rire un peu jaune, certes, mais on rit.