Retour à Martha's Vineyard : Le livre de Richard Russo

J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire de vieux copains sexagénaires qui se retrouvent pour un week-end, comme 40 ans avant dans la maison de vacances d'été de l'un d'eux, dans une île de la côte Est. Trois copains qui se sont connus étudiants à la fac à la fin des années 60e, alors que les US sont engagés dans la guerre au Vietnam. ils fêtent la fin de leurs études et sûrement leur séparation car un des 3 a été tiré au sort et doit partir au front. Chacun suivra alors son chemin, donnant de loin en loin de ses nouvelles aux 2 autres. Avec eux trois, une fille Jacy dont ils sont amoureux chacun en secret, une fille de la belle bourgeoisie du New Jersey, alors qu'eux sont des prolos ou petits bourgeois, boursiers. A la fin du week-end, elle les quitte et disparaît à jamais, plus aucune trace d'elle. Qu'est-elle devenue ? Morte ? vivante ? 40 ans après, les trois hommes sont hantés par cette disparition, se sentant à la fois coupables et inquiets que l'un d'entre eux est commis l'irréparable. Le roman entremêle le présent, le passé, avance par petites touches. Les personnages sont comme toujours chez Russo très intéressants, riches, aux personnalités bien marquées et approfondies. Je n'ai pas retrouvé l'humour qui m'avait tant plu dans "A malin, malin et demi". Ce roman est plus noir, plus triste.

Tellement déçu de cette lecture ! Un auteur américain pas fainéant, prix Pulitzer, publié par 10/18 avec une belle couverture, je suis bon public, je vais aimé. Et puis pas tant que cela. Richard Russo sait écrire, mais sa narration est un exemple de creative writing scolaire, on débute le roman par les fiches personnage, très fouillées, au menu l'enfance, le caractère des parents, l'argent, les cours, les filles, les garçons. Bon très bien très bien. Je n'ai pas compté les pages consacrées à cet ensemble de descriptions sans grand relief, mais il y en a beaucoup trop. On s'attache néanmoins aux personnages, qu'on imaginent tous assez bien puisqu'ils sont plutôt dénués d'originalité, ce sont des lieux communs sur pattes. L'histoire est plus intéressante, même si j'avoue en avoir deviné les ressorts trop vite - alors que tout n'est peu à peu dévoilé que selon un schéma probablement bien pensé. Les garçons qui se donnent rendez-vous dans la maison de Vineyard ont 66 ans. Ils se sont connus au College (le Lycée), et n'ont jamais perdu leurs contacts. Mais la dernière fois qu'ils se sont retrouvés sur cette île, au bord de l'Océan, la jeune femme dont ils étaient tous trois amoureux a disparu. C'est un traumatisme pour chacun d'eux. Lincoln, propriétaire de la maison, mène mine de rien sa petite enquête. Il y a bien quelques passages émouvants, on est pris par le récit, tout n'est pas à jeter, l'auteur possède un indéniable savoir-faire. Mais pour les autres romans de Monsieur Russo, je passerai mon tour.