Tartarin de Tarascon : Le livre de Alphonse Daudet, Laurent Corvaisier

Ce roman très court et très facilement abordable, même pour les jeunes, se dévore facilement, rapidement. On suit l'éponyme Tartarin de Tarascon dans sa vie bourgeoise du Midi puis dans sa folle chasse aux lions des monts de l'Atlas, en Algérie. L'auteur, Alphonse Daudet, ne se cache pas de sa source d'inspiration première dans son œuvre : Don Quichotte de Cervantès. Et cela lui a sûrement permis de créer son héros drôlement absurde qui lui vaudra la colère de son Midi natal de son vivant !

Quel plaisir de relire ce petit chef d'œuvre d'Alphonse Daudet. Étant née dans le sud mais n'y vivant plus, j'ai adoré me remémorer ma Provence (même si elle a bien changé depuis). J'aime relire ces œuvres dès que l'envie m'en prends. Et je relirais sans doute avec le même plaisir dans les années à venir #128522;

Ce petit livre m'avait été offert en 5eme par ma tante et je n'ai pas le souvenir de l'avoir lu. Peut-être que le début ne m'avait pas convaincu.. toujours est-il que j'ai décidé de m'y remettre. Eh bien, je n'en sors pas enchantée, et pourtant j'avais adoré son roman Le petit chose. L'histoire n'est pas passionnante mais le personnage reste truculent. Tartarin, aussi vantard que naif, se retrouve en Algérie pour chasser un lion. On appréciera tout de même les décors et les personnages très caricaturaux des méditerranéens, la naiveté de Tartarin qui le fait avoir des situations ou discussions très cocasses.

Cette histoire parue en 1872 est certes divertissante mais véhicule un certain nombre de clichés et de vocabulaire clivant qui ternissent le récit, de nos jours. Pour tout dire, le texte a mal vieilli. Alphonse Daudet manie très habilement le verbe mais a tendance, comme son personnage, à en rajouter et les descriptions sont parfois pompeuses et utilisent trop souvent des termes affichant son érudition sans pour autant que ce soit utile à la compréhension de l'intrigue. Il exagère, quoi! Alors, cela va avec le contexte, c'est entendu. Cela dit, l'emploi des mots "nègres" et les critiques faîtes aux musulmans m'ont choqué. Je me rend compte du décalage avec aujourd'hui et cela m'effraie qu'un radicalisme langagier aussi poussé ait pu être aussi répandu à cette époque. Alors, oui, on rigole quand même, les mensonges de Tartarin et sa lâcheté font toujours mouche et sa pirouette finale est toujours aussi efficace sur les esprits. C'est dommage que ce livre soit aussi rempli de vice que de bonhomie. Ce n'est pas forcément à recommander pour une lecture de jeunesse.