Tempête sur Douarnenez : Le livre de Henri Queffélec
À Douarnenez, on ne vit que par et pour la pêche à la sardine. En mer, les hommes domptent les flots, amassent le poisson dans leurs filets pour nourrir les familles. Une fois à terre, les gosiers s'emplissent dans les bistrots aux noms évocateurs, tandis que les femmes travaillent à la conserverie. Mais le changement gronde sur la ville battue par le crachin. On se découvre une conscience communiste, face à l'exploitation des marins par les usines. La lutte sociale s'organise, se forme le rêve d'une Internationale de la mer. Louis, pêcheur plein d'espoir, en fait partie. Bientôt, il tombe amoureux de la jeune Marie. Mais son coup de foudre ouvre une faille dans la carapace de l'homme rude...
Avant-propos d'Éric Auphan, président de l'Association des Amis d'Henri Queffélec
De (auteur) : Henri Queffélec
Avant-propos de : Eric Auphan
Expérience de lecture
Avis Babelio
MarcoKerma
• Il y a 1 mois
Un roman qui est à la hauteur de cette ville dont la forte personnalité m'est chère. Et encore, je n'ai pas connu la (ou le) Douarnenez recréé(e) ici par Henri Queffélec.. Même si récemment elle (la ville) semble être elle aussi malheureusement en cours de "gentrification", il y a 10 ans encore elle était une ville-port ayant nombre de recoins un peu fantômes, vestiges plus ou moins oubliés d'un passé grouillant de pauvreté et de vie. C'est ce passé - après la crise du début des années 30 mais avant le Front Populaire - que peint 20 ans après Henri Queffélec. C'est un Queffélec que je trouve plus audacieux dans les images, à l'écriture libre et énergique, presque à l'instar d'un Giono, y compris dans ma difficulté à toujours comprendre ce qu'il veut dire.. Il y a aussi au début du style de Jacques Brel dans certaines images. Il fait aussi beaucoup d'ellipses notamment dans une scène-clef d'amour "charnel", comme il l'écrit, à tel point que le lecteur revient en arrière pour vérifier s'il n'a pas, lui, sauté une page.. Mais non, ce catholique (breton, donc catholique..), lucide sur sa foi mais catholique quand même, a totalement éludé la narration de ce moment.. Étant breton moi-même, d'un autre port, d'un autre département, j'ai beaucoup apprécié, goûté le langage parlé des personnages, langage dont j'entends la prononciation, l'accent (puisque c'est le mien d'origine), français transposant les tournures du breton : verbe à la fin des phrases ("du café vous prendrez"..), utilisation de "avec" ("du goût vous avez eu avec lui"..) etc etc. Il n'y a qu'un breton (de Brest) parlant français qui peut reproduire ce langage. De manière générale Henri Q. a réalisé avec ce roman (son dixième) un festival d'écriture, à son aise comme un poisson dans l'eau, mais l'attitude peu compréhensible de son personnage ne s'éclaircira qu'à la toute fin (faut dire que je ne suis pas fin psychologue), mais, à Ville et vie extrêmes, attitudes extrêmes, et Douarnenez générait encore il y a 10 ans des événements uniques (et je ne parle même pas de la fête très païenne des Gras..) J'y vis un jour une scène de pêche incroyable : tout semblait calme dans le port. La marée était haute, deux ou trois des habituels pêcheurs maniaient leur lancer du bord des quais quand ils se mirent d'un coup à prendre maquereaux sur maquereaux. Mais ce qui fut autant incroyable c'est la vitesse avec laquelle la nouvelle se répandit. 10 mns après ils étaient une douzaine de pêcheurs (dont une femme orientale en voile noir..) à sortir des maquereaux à profusion : le banc de poissons s'était retrouvé piégé dans le port-cul-de-sac, lui-même au fond de la baie. La sardine a souvent déserté la baie mais il arrive encore ce genre de phénomène.. Comme dans d'autres romans (Ils étaient six Marins de Groix..) H Queffélec écrit formidablement la mer, l'océan, le large, la tempête.. mais il s'attarde ici plus qu'ailleurs à la mer de côte, au littoral, le bord, la baie et ses vies intermittentes, tentant davantage d'écrire la faune et la flore, sous l'eau avec les animaux et les algues. La tempête du titre n'arrive qu'après la moitié du roman, soudaine et brève - comme un écho des tempêtes sous les cranes - et vaut surtout pour sa dimension humaine, les souffrances qu'elle engendre, du sentiment d'humiliation de devoir se faire aider par un pêcheur d'un autre port, aux attentes inquiètes que H Queffélec étale sur une trentaine de pages, afin de mettre à l'unisson lecteurs et personnages.. Sans trop divulguer je précise qu'une tempête est rarement unique.. Ici encore plus qu'ailleurs, je pense que le dessein littéraire de Henri Queffélec était de tenter de faire résonner ensemble des personnages (leurs sentiments, pensées, émotions..), doubles de vrais gens, et leur monde, c'est-à-dire les autres êtres vivants, les lieux, paysages, éléments (terre, mer, air..) et la société qu'ils forment. Ici la société est principalement celles des pêcheurs - des courageux qui défient la tempête parce qu'il faut manger, qui se moquent fraternellement des uns des autres et d'eux-mêmes - et des femmes (ouvrières dans les conserveries, veuves de pêcheurs, patronnes de bistrot..) dont la place peut sembler plus à l'arrière mais dont H Queffélec montre bien le contrepoids complémentaire à la place des hommes.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman de Terroirs
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- EAN
- 9782266332798
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- Collection ou Série
- Littérature - Terroir
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 448
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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9,00 € Poche 448 pages