Un autre tambour : Le livre de William Melvin Kelley

Il s agit d un premier roman, édité en 1962, qui a été plébiscité par la critique américaine, comparant son auteur de 24 ans à un nouveau Faulkner ou Baldwin. Puis totalement oublié. N ayant jamais lu ni Faulkner ni Baldwin, je ne peux comparer, mais s il doit y avoir comparaison c est avant tout pour la puissance et la justesse du propos et de l analyse de la société américaine que pour le style. Ce roman se veut être une fable , sans appel, sur le racisme profond qui mine le Sud américain. Malgré l abolition de l'esclavage, la victoire des Nordistes et l assouplissement des lois segregationnistes, être noir reste insupportable, invivable dans le Sud. Alors pour se libérer définitivement, l unique solution, le seul espoir est de choisir de partir. C est radical mais puisque l on ne semble pouvoir changer la société de l intérieur. Et c est ce que font tous les Noirs de cet État imaginaire du Sud, qui choisissent de partir définitivement et de laisser les Blanc seuls, les conservateurs et les progressistes, raconter cette histoire et tenter de l expliquer. La fin du roman va confirmer, hélas, le diagnostic et est malheureusement terriblement d actualité juste avant l intronisation du nouveau président américain. On était en 1960. Tant d années après, un Président noir ayant été élu, tout cela n a toujours pas suffit. Le Sud reste le Sud. Le racisme et sa violence aussi. Alors un autre tambour n est il pas vraiment prémonitoire ?