Une execution : Le livre de Danya Kukafka

Roman singulier et très intéressant. Ce n'est clairement pas le thriller habituel qui distille du suspens et ménage un twist final. Il est plus question ici d'une interrogation générale sur un tueur, la fascination qu'il peut exercer et les conséquences de ses actes sur les victimes et leurs proches. J'ai beaucoup apprécié l'élégance de l'écriture et la tendresse de l'auteur pour les victimes. Sa façon de montrer qu'un tueur n'est pas un monstre particulier sans pour autant tout excuser même si le passé et ce qui a construit ce tueur relève du traumatique. Un vrai bon roman noir avec une narration de qualité des personnages.

Parler d’un tueur en série du point de vue de femmes qui l’ont fréquenté, ça peut partir vite dans des trucs pas possibles (dans le genre négatifs, m’voyez). Mais c’est adressé, un peu par-dessus la jambe parfois, cette fascination que beaucoup de gens éprouvent pour les tueurs, surtout en série, notamment quand ils ont un peu de charme. Genre : c’est pas bien. On a le point de vue de celui-ci d’ailleurs, à la deuxième personne du singulier, j’ai bien aimé ce parti pris, et j’ai été un peu étonnée du fait que, ouais, il passe pour un vrai pauvre type l’essentiel du temps, genre oui on dit qu’il était beau garçon, mais globalement on lui trouve une ou deux excuses, on a un peu de ouin vers la fin… Mais Ansel n’est pas vu comme le beau mec super beau et intelligent et wowowow – non, c’est un gars qui n’a rien pour lui, ou presque, qui s’est fait rouler dessus par la vie et qui a roulé sur la vie de personnes à la place. Y a tout un cheminement autour de ça, de comportements abusifs, de la part des femmes, des hommes, une obstination assez toxique de la part de tout le monde dans l’histoire. Ce n’est vraiment pas inintéressant, mais même si j’ai été un peu triste parfois, même si j’ai trouvé quelques passages vraiment intéressant (le rapport entre Saffron, Blue et Jenny par exemple), je suis mitigée. L’idée est bonne, le message est intéressant, mais… mais voilà ? Genre j’aimerais mettre un index accusateur sur ce qui m’a réellement dérangée dans ce livre. Peut-être l’obstination de Saffron, qui même si basé sur un bon instinct vire à quelque chose de terriblement gênant ? Peut-être la représentation d’Ansel, qui s’éloigne énormément des stéréotypes des beaux gosses méchants et ténébreux et pourrait être ton voisin looser, mais c’est trop ? Mais en même temps je comprends, c’est du point de vue de femmes qui revoient leur passé et essaient d’analyser ce gars qui a détruit leurs vies ou celles de proches ? Je sais pas. Une bonne lecture, mais je n’arrive pas à être réellement satisfaite. (vous verrez je reviens dans 2 semaines pour monter la note)

Dans son roman « Une Exécution », Danya Kukafka fait le choix audacieux d’une structure narrative non-linéaire et polyphonique. Le récit alterne entre différentes temporalités et points de vue, offrant ainsi une perspective kaléidoscopique sur l’histoire et ses personnages. Cette approche originale permet à l’autrice d’explorer en profondeur les motivations et les émotions de chacun, tout en maintenant un suspense haletant jusqu’à la dernière page. La narration est partagée entre plusieurs personnages clés, dont Ansel, le condamné à mort, sa mère Lavender, sa femme Jenny et une policière nommée Saffy. Chaque chapitre est raconté à la première personne, plongeant le lecteur dans l’intimité des protagonistes et révélant progressivement leur passé, leurs secrets et leurs tourments intérieurs. Cette multiplicité des voix narratives apporte une richesse et une complexité au récit, invitant le lecteur à reconsidérer ses certitudes et à envisager les événements sous différents angles. La chronologie morcelée est une autre caractéristique marquante de la structure du roman. Les chapitres oscillent entre le présent, le jour de l’exécution d’Ansel, et des flashbacks remontant jusqu’à son enfance. Ce va-et-vient temporel crée une tension palpable et une curiosité grandissante chez le lecteur, qui cherche à reconstituer le puzzle de cette histoire familiale tragique. Les révélations sont distillées avec une habileté remarquable, chaque fragment du passé éclairant sous un jour nouveau les actions et les choix des personnages. La suite de ma chronique et analyse détaillée avec 5170 mots sur mon blog :

C’est le jour J, celui de l’exécution de Ansel Packer, peine qui sanctionne le fait que lui même ait pris la vie de quelqu’un d’autre. Mais lui échafaude d’autres plans, il veut être entendu, admiré. Pendant qu’il médite sur ses dernières heures, le récit de trois femmes s’intercale et retrace la vie de ce criminel et de son entourage. Le roman est construit à l’envers, on connaît le criminel avant même de connaître ses crimes et les autres personnages. Le récit est tendu, le fil se tisse petit à petit. L’histoire de ces femmes apportent tantôt des réponses tantôt de nouvelles questions, faisant émerger le portrait d’Ansel. La place des victimes est au cœur de la réflexion, le criminel est au centre de la machine judiciaire. L’alternance des points de vue permet d’entrer dans la tête du tueur mais aussi des témoins de sa vie. Le résultat, c’est un roman noir très efficace et prenant.