Une saison pour les ombres : Le livre de R.J. Ellory

Dans ce récit nous rencontrons Jack un enquêteur spécialisé dans les incendies, il travail pour une compagnie d'assurance. Il est originaire d'un village minier canadien isolé du reste du monde : Jasperville. Lorsque le seul policier de ce village appelle Jack pour lui dire que son frère à était arrêter pour avoir agresser violemment un homme, il n'a pas d'autre choix que de retourner à Jasperville. J'ai beaucoup aimé ce roman à l'ambiance de huis clos glaciale. J'ai aimé que ce roman soit une sorte de chemin de rédemption pour Jack. Finalement arrestation du frère de Jack n'est qu'un prétexte pour découvrir l'histoire sombre de ce petit village où rien ne se passe comme ailleurs.

RJ Ellory est un auteur que j'affectionne particulièrement et j'ai pris plaisir à retrouver sa plume. Dans ce roman on est plongé dans une ambiance assez particulière qui rappelle celle de "Seul le silence". J'ai beaucoup aimé la double temporalité qui prolonge le suspense et rend l'ambiance encore plus particulière. Le personnage de Jack est bien construit. Petit bémol pour moi sur la fin où j'ai trouvé le dénouement un peu long. J'ai tout de même passé un bon moment de lecture.

Une saison pour les ombres c'est un autre roman de cet auteur britannique qui va se situer à l'étranger (cf Seul le silence aux USA), cette fois au Québec; ce seraient les éditeurs britanniques et français qui lui auraient proposé d'écrire un livre se situant au Québec. Pour cela J.R. Ellory a dû lire l'histoire du Québec et son rapport avec le reste du Canada. Ainsi, il a retenu de ses lectures l'histoire de petites villes qui ont poussé dans les années 1950-60, surtout au nord, en s'inspirant fortement de Schefferville (territoire minier au centre de la péninsule Québec-Labrador, à l'est du Canada) pour créer Jasperville dans le roman, dans l'un des endroits les plus désolés de la planète, loin de tout et peu propice à la vie humaine. Dans ces terres désolées de Jasperville (nom fictif) les hivers très rudes et obscurs durent 8 mois et l'isolement est total, l'été n'est pas mieux avec l'invasion d'insectes. Les gens qui viennent dans ces confins, viennent à la recherche d'une meilleure vie pour travailler dans une mine de fer à ciel ouvert, mais en réalité, ils arrivent en enfer. Jack Devereaux est un fils de famille qui a fui Jasperville pour sauver sa peau et son équilibre mental à l'âge de 19 ans; il est resté 26 ans absent et doit revenir pour aider son petit frère accusé d'assassinat. Il y a deux histoires en parallèle dans le roman, il y a le retour de Jack à Jasperville avec des feed backs sur sa vie familiale qui fut désastreuse, douloureuse. Ce récit nous est nécessaire pour nous mettre au courant de ce passé difficile. En plus de cette histoire familiale bien documentée, plusieurs décès très suspects de jeunes filles vont se produire dans ce lieu confiné ; curieusement ces morts se verront plus ou moins mêlées de légendes indiennes locales, comme celle du windigo, un être assoiffé de chair humaine, un personnage qui est souvent utilisé pour faire peur aux petit enfants. Jack Devereaux va retrouver tout ce qu'il avait laissé : les mauvais souvenirs, Carine son premier amour, le froid intense, les mines de fer, l'ambiance sinistre de Jasperville, son père interné en psychiatrie et les traditions indiennes autochtones. Il est plus qu'accablé par un sentiment d'échec et de culpabilité, essentiellement vis-à-vis de son jeune frère accusé par la justice. Encore un drame familial dans un cadre géographique bien planté, c'est apparemment le point fort de R.J. Ellory (pour les deux livres que j'ai lu). Dans ce roman, qui compte quelques répétitions pour moi, on ne s'ennuie pas, tellement la trame vous prend aux tripes. C'est curieux, mais comme dans Seul le silence, les autorités réagissent mal au cumul d'atrocités commises sur des années ! cette fois il y a l'excuse d'un territoire excentré, mais tout de même, au vu du cumul de morts et selon un véritable rituel, la procrastination des autorités est sidérante. C'est un roman psychologique d'ambiance, d'atmosphère plus qu'un polar ou un thriller classique. Et l'auteur excelle pour livrer des histoires familiales toxiques.

Jack s’était promis de ne jamais revenir à Jasperville. Une ville maudite où des adolescentes ont été retrouvées le corps déchiqueté ; des événements tragiques qui résonnent encore en lui. Attaques de bêtes sauvages ou folie meurtrière d’un homme, car on raconte que des gens sont possédés par des créatures surnaturelles, les wendigos. Mais faute de moyens et sans autopsie des victimes, les enquêtes policières ont été clôturées rapidement. Pourtant, 26 ans après son départ, Jack se doit de revenir dans cette ville où il a abandonné son frère ; car il n’a pas d’autre choix que de se plier à la demande de la police, son frère étant incarcéré pour tentative de meurtre. L’histoire se déroule dans une contrée isolée du Québec où l’hiver s’éternise pendant plus de six mois. On ressent immédiatement l’atmosphère très pesante, étouffante même et délétère qui plombe le moral des habitants. Et sans croire aux légendes, le doute s’insinue dans l’esprit du lecteur, puis l’inquiétude grandissante devant face à tous ces crimes. Un roman captivant de bout en bout, très réussi et une très belle découverte pour ma part.