Une terrible délicatesse : Le livre de Jo Browning Wroe

« Un terrain en pente Au-dessus d'la ville Des vieux matelas, des plantes Et des bidons d'huile J'monte là-haut m'asseoir Quand la ville s'allume Je regarde le soir Et j'fume » *** - Première partie : Aberfan. Le terrain en pente par lequel commence ce merveilleux roman, c’est celui qui surplombe la petite ville minière galloise d’Aberfan. Nous sommes en octobre 1966. La veille, à 9h15, une partie d’un terril a glissé, telle une avalanche, et a tout écrasé, tout enseveli, notamment l’école, sur sa trajectoire. 144 personnes, dont 116 enfants de moins de 12 ans, sont mortes. William, jeune embaumeur anglais de 19 ans, vient à la sacristie aider à rendre les corps présentables, et les identifier, avec les parents effondrés. - Deuxième partie : Le chœur de Cambridge Nous sommes en septembre 1957, et nous suivons William, de ses 10 ans à ses 14 ans. Il a une voix et un ami – Martin – extraordinaire, il est soliste. Son père, qui était embaumeur, est mort deux ans plus tôt. Sa mère rejette le frère jumeau de son mari, et son ami. « Tu sais, il y a une part de folie dans le deuil. Pendant quelques années après la mort de ton père, il me manquait une peau protectrice. (…) J’étais à vif » Elle veut son fils pour elle toute seule et William en souffre. - Troisième partie : Entreprise familiale Nous sommes en septembre 1965, et à la faveur d’un saut en avant dans le temps, nous retrouvons William, marié, embaumeur de talent, qui peine à vivre sa vie, K.O, descendu non pas des plateaux d'phono, mais du Chœur de Cambridge, agressé par des cauchemars que peuplent les petits cercueils d’Arfaban. « Il est temps de remettre son armure avant que l’écume et les débris de sa propre vie soient jetés sur le rivage par la lame de fond du deuil d’Aberfan : la mort de son père, la fin abrupte de sa carrière de choriste, l’abime qui s’est ouvert entre lui et sa mère, entre lui et Martin » - Quatrième partie : Le Chœur de minuit Je n’en dis pas plus. *** J’avais lu jadis la belle chronique de mon ami Michel69004, j’attendais la sortie du livre en poche, et puis j’ai mis un pied dans le grand bain balzacien, et tout m’a semblé tiède et vain. Je ne regrette pas ce pas de côté, tant ce « livre hydraulique » (pour reprendre l’expression d’Honoré dans La peau de chagrin) est plaisant. Avec une terrible tendresse, l’auteure nous parle d’un terril assassin, de ce qui dévaste et de ce qui réconcilie, du baume au corps, au cœur, au chœur, de Myfanwy, entonné par William en anglais, en gallois, du « Miserere » d’Allegri, de clémence, de miséricorde, d’amour, et de mascara waterproof. Un excellent mélo au sens étymologique du terme : en musique, et en émotions.

Un roman construit en cinq parties avec des allers retours dans le temps qui fait un bien fou. L'histoire de William Lavery commence en 1966 alors que celui-ci assiste à sa cérémonie de remise d'honneur de la fin de ces études d'embaumeurs, et que l'assistance apprend la tragédie de Aberfan ; un terril s'est effondré dans cette petite localité du pays de Galles et a tué plus de 140 enfants dans leur école. William va se porter volontaire et ressortira détruit moralement de cette première expérience. Nous repartons ensuite 15 ans plutôt alors que William a tout juste 10 ans entre dans les chœurs de Cambridge où un brillant avenir de chanteur lui est garanti. Que s'est-il passé pour que cet avenir n'est pas été suivi ? Un livre poignant sur le construction personnelle, sur l'importance de l'Art pour chacun et de l'Amour pour se reconstruire.

Une terrible délicatesse par Jo Browning Wroe, Éditions Pocket Dans ce merveilleux roman, l'auteur nous entraîne aux cotés de William Lavery, jeune homme qui vient d'obtenir son diplôme pour succéder dans l'entreprise familiale des pompes funèbres. C'est alors que survient la catastrophe d'Aberfan le 21 octobre 1966. William se propose pour aider et ce drame va changer sa vie à jamais. Le récit démarre donc sur cette terrible catastrophe : le glissement de terrain d'un pan d'un terril qui provoquera 144 morts dont 116 enfants. Ce drame traumatisera de nombreuses personnes et le pays de Galles en général. L'auteure, à partir de ce fait réel, réussit à créer un personnage de fiction attachant, attendrissant, marqué par la vie. Autour de William : une mère envahissante et jalouse, un oncle et son compagnon qui ne veulent que le bonheur de tout le monde, des amis, des professeurs que nous rencontrons et retrouvons à divers moments de l'histoire. L'histoire nous dévoile la vie de William, ses instants joyeux, ses déboires. Une intrigue vous fera tourner les pages jusqu'à la fin sans que vous ne vous en rendiez compte. Et une fois le roman terminé, vous vous direz que cette lecture était d'une délicatesse terrible, et ce grâce à la plume émouvante de Jo Browning Joe. Ce livre est une belle et véritable découverte, à la limite du coup de cœur.