Very Important People - Argent, gloire et beauté : enquête au sein de la jet-set : Le livre de Ashley Mears

La sociologue américaine Ashley Mears explore cette fois dans Very Important People la manière dont la beauté féminine est continuellement exploitée dans le business du clubbing. À travers une enquête de terrain menée pendant deux ans de New York à Saint Tropez en passant par Miami et les Hamptons l'auteure fait une plongée inédite dans la jet set et livre une ethnographie où chaque groupe social a un nom: les baleines, les laitues, les promoteurs, les bottiegirls, les fillers... Et où chaque corps féminin est une ressource utilisée avant tout par les hommes.

Dès les premières pages, l'essai d'Ashley Mears nous plonge dans le bain... de champagne. Pendant dix-huit mois, cette spécialiste des questions de genre et de sexualité a troqué son look d'universitaire contre une robe moulante et des talons aiguille pour mener une drôle d'enquête de terrain au pays des ultra-riches. Plus précisément au cœur de leurs nuits, sous les boules à facettes des clubs les plus sélects de la planète.

Grâce à sa double casquette d'universitaire et de mannequin, [Ashley Mears] a pu entrer dans ce milieu select, et y a mené une enquête de terrain auprès des 0,1% les plus riches de la planète, qui viennent s'y amuser et s'y montrer. Des Etats-Unis jusqu'à nos rivages de Cannes et de Saint Tropez, elle en a tiré le livre Very Important People. Argent, gloire et beauté : enquête au cœur de la jet-set. [...] Ashley Mears, titulaire de la chaire Women's, Gender and Sexuality Studies à l'université de Boston, décortique cet univers impénétrable qui repose, écrit-elle, " sur une logique économique genrée qui produit de la valeur en mettant en rapport le corps des femmes et l'argent des hommes ".

La professeure américaine a théorisé l'instrumentalisation des corps féminins dans le business de la nuit qu'elle a fréquenté dans sa jeunesse en tant que mannequin. (...) Si Ashley Mears raconte en " insider " l'instrumentalisation des corps féminins à l'oeuvre dans le business de la nuit, c'est pour le dénoncer, bien sûr. Mais aussi en décrypter le complexe système d'interactions.

Mêlant récit personnel, analyses de classe, ethno-raciale et de genre, Mears décrit l'univers d'une " richissime minorité " qui exploite le corps des femmes et marginalise les hommes des milieux populaires et immigrés. Ces classes ultra dominantes qui pratiquent un " loisir transnational " uniforme et stéréotypé vivent au-dessus des lois en toute impunité, et des villes comme New York ou Cannes se transforment pour répondre aux besoins d'une " nouvelle couche de nomades richissimes ". La fête continue. Mais pour combien de temps encore?