Vous parler de mon fils : Le livre de Philippe Besson
" Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu'un instant. Votre enfant vient vous raconter l'humiliation, la persécution, le bannissement. C'est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C'est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C'est l'être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n'est que le début. Que les toutes premières minutes. "
De (auteur) : Philippe Besson
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Nechan
• Il y a 1 mois
Parmi la bibliographie de Philippe Besson, 2 romans ont été adaptés au cinéma : « Son frère » et « Arrête avec tes mensonges ». « Vous parler de mon fils » pourrait être le troisième. La ville de Saint-Nazaire de nos jours. Aujourd’hui, c’est dimanche ; un jour particulier celui d’une marche blanche, celle organisée pour rendre hommage à Hugo. Hugo, un adolescent de 14 ans, est mort depuis un mois lorsque son père décide de nous livrer cette tragique histoire. Le père d’Hugo, Vincent, est marié à Juliette et le couple a également un deuxième fils de 9 ans, Enzo . Très vite, nous apprenons que Hugo a été victime de harcèlement scolaire. Vincent, rongé par la culpabilité et le remord raconte par bribes les agressions d’abord verbales puis physiques subies par son fils de la part de 2 adolescents au collège. C’est le début d’une longue série de maltraitances et de persécutions qui iront jusqu’à des insultes envers la famille via les réseaux sociaux. Cette escalade dans la haine et la violence teintée d’homophobie fait de Hugo un véritable bouc émissaire au sein du collège. Encouragés tacitement par leur entourage immédiat, les 2 bourreaux n’ont aucun mal à asseoir leur pouvoir, d’autant qu’Hugo ne réagit peu ou pas à leurs attaques. Terrorisé et désespéré, Hugo essaie de mettre en place des stratégies d’adaptation pour arriver à assouplir les relations avec ses harceleurs comme : l’indifférence, le dialogue, la discrétion, la dissuasion, l’amadouement. Rien n’y fais, bien au contraire. Hugo en vient, sous la pression de ses parents à avouer le harcèlement dont il est victime. Cela ne fait que complexifier la situation car son père comme sa mère n’ont pas pu ou n’ont pas su l’aider (impuissance de l’institution scolaire, soutiens psychologiques d’un professionnel et/ou d’une association, recours à la justice) . L’auteur mélange passé et présent pour raconter cet évènement douloureux sans qu’on ne puisse identifier les feed-back, comme si Hugo était encore en vie. Cette vie qui semble s’être arrêtée le jour où Hugo est mort, empêchant le père de se projeter dans l’avenir, préférant vivre dans une routine rassurante. Nous assistons, impuissants, au lent processus de deuil d’un père accablé par le chagrin. Nous cheminons avec lui au fur et à mesure que nous avançons dans cette tragédie. Le schéma narratif explore les différentes étapes de deuil : le déni, la colère, la tristesse, jusqu’au début d’acceptation avec la marche blanche qui vient clore ce drame et mettre le mot suicide sur ce que le père appelait disparition ou perte. De nombreux dialogues interrogent le lecteur et suscitent chez lui une empathie émotionnelle voire même de la compassion. Philippe Besson nous donne accès à toutes les réactions des membres de la famille. Ainsi, on identifie tour à tour : #8594;les discussions futiles entre les époux pour ne pas évoquer le drame, #8594;La culpabilité du père de ne pas avoir pris,dès le début, cette histoire au sérieux. Sa difficulté à communiquer et à exprimer ses émotions. #8594;La réactivité de la mère qui est la seule à avoir donné l’alerte sur la situation du harcèlement de son fils, #8594; Le conflit dans le couple #8594; Le silence d’Enzo, le petit frère qui a été témoin du harcèlement d’Hugo. Bien que le dénouement de cette poignante histoire soit connu dès le début du roman, j’ai terminé ma lecture les yeux embués de larmes. Mais, j’ai été rasséréné lorsque j’ai perçu un début de résilience dans le comportement de ce père si courageux.
Klergau
• Il y a 1 mois
Au départ, la description des gestes du quotidien du couple est simple, mais une certaine tristesse coule de source sur les mots et, déjà, on compatit. On sait très vite qu’un fils manque à l’appel… On a le goût de lire lentement pour marcher un peu leur chagrin avec eux. Puis, on sait, on sait que Hugo, quatorze ans, se fait harceler et l’on apprend les procédés de ses bourreaux pour asseoir leur odieux pouvoir sur lui en même temps que les signes précurseurs apparaissent dans le comportement de l’adolescent qui se retranche de plus en plus dans son silence. Quoi faire alors ? Et qu’adviendra-t-il une fois le scénario mis en place par ses ennemis ? La force et le talent de Besson, au début du roman, c’est de suggérer la tristesse plutôt que de la dire, il la rend palpable par ses descriptions précises et sensibles. Puis, il la dit plus clairement et on entre dans le récit pour savoir le comment, pour savoir si les deux parents, si Hugo pourront se sortir de ce cycle infernal du harcèlement, de la méchanceté. L’œuvre est nécessaire en ces temps de violence gratuite, mais la seule note discordante que je pourrais lui trouver, c’est qu’on sent le « message » que l’auteur veut lancer quand l’œuvre devient une sorte de réquisitoire et qu’elle prend davantage la forme d’un essai. Il explique, analyse presque les différentes attitudes possibles devant cette déferlante cruauté de l’humain sur l’humain. Tout se passe comme si notre rationnel, notre esprit d’analyse prenait le pas sur notre sensibilité. Besson ne m’avait pas habituée à cela ! L’œuvre nous apprend et nous aide à réfléchir sur la question et les avenues qui s’offrent à ceux qui sont atteints par cette réalité. En cela, elle est la bienvenue, mais à mon humble avis, elle aurait peut-être eu plus d’impact et aurait peut-être été davantage un coup de poing si Besson avait continué de suggérer au lieu de dire. Cela n’enlève rien au talent de l’auteur, c’est seulement une autre façon de dire.
lamalledejuliette
• Il y a 1 mois
Philippe Besson signe ici un roman percutant et bouleversant, qui ne laisse personne indemne. En refermant ce livre, j'étais à la fois triste et en colère, submergée par une cascade d’émotions. Avec une plume toujours empreinte de sensibilité et de pudeur, l’auteur met en lumière les victimes de harcèlement, ces jeunes qui n’ont pas les moyens de se défendre contre leurs agresseurs. Mais il ne s’arrête pas là. Il explore également la douleur des parents, ces victimes collatérales souvent reléguées dans l’ombre, confrontées à leur impuissance. Le récit se concentre sur Hugo, un adolescent de 14 ans, qui n'est plus de ce monde. Une marche blanche est organisée à Saint-Nazaire. À travers les souvenirs de Vincent, le père d’Hugo, on découvre l’engrenage fatal qui a conduit à ce drame. Le harcèlement scolaire y est minutieusement décortiqué : d'abord la victime, paralysée par la peur et la honte, qui dissimule sa souffrance ; puis les parents, d'abord aveugles, puis impuissants face à l’inéluctable. Philippe Besson aborde avec acuité un problème sociétal terriblement actuel : le harcèlement scolaire. Saviez-vous que 11 % des adolescents en France en sont victimes ? Ce chiffre glaçant illustre un fléau encore trop banalisé. L’auteur excelle dans la description des mécanismes psychologiques qui s’installent au sein d’une famille touchée par le drame : la culpabilité des parents, les "et si" qui les hantent, l'incompréhension, mais aussi la colère et le ressentiment envers les bourreaux de leur enfant. Philippe Besson, avec sa plume juste et puissante, nous livre une œuvre essentielle, un cri d’alarme contre le harcèlement scolaire et une invitation à la réflexion collective. Merci aux éditions Juilliard et à NetGalley pour cette lecture.
CiceronModerne
• Il y a 1 mois
Il y a des romans qui ne se contentent pas de raconter une histoire, mais qui vous saisissent par le cœur, vous ébranlent, et vous laissent avec une douleur persistante, une sensation d’injustice brûlante. *Vous parler de mon fils* est un de ces livres. Une œuvre d’une intensité rare, un cri de détresse et d’impuissance, un regard sans concession sur les rouages d’une tragédie humaine. Philippe Besson, avec sa plume précise et désarmante, nous fait plonger dans l’âme d’un père, Vincent, qui doit affronter l’irréparable : la perte de son fils, Hugo, victime du harcèlement scolaire. Mais ce roman ne se limite pas à raconter une mort : il nous interroge, nous confronte à une réalité brute, difficile à accepter, mais pourtant inévitable. Vincent, cet homme ordinaire, simple ouvrier sans prétention, devient notre guide à travers ce calvaire. Au fil de la journée qu’il nous raconte, chaque minute semble se déplier lentement sous nos yeux, comme si le temps, dans sa violence, se mettait lui-même à l’épreuve. Ce n’est pas un récit linéaire. C’est l’histoire d’un homme qui revisite ses derniers mois, cette période où il a vu son fils sombrer sans pouvoir l’arrêter. Et c’est peut-être là la première force du livre : cet angle narratif tout en sobriété, où le père nous parle à nous, lecteurs, sans fioritures, sans faux-semblants. À travers le prisme de cette journée de marche blanche, Vincent se remémore tout ce qu’il a raté, les signes qu’il a ignorés, les moments où il a préféré fermer les yeux plutôt que d’affronter la réalité. *"C’est comme si je n’avais jamais voulu savoir"* : cette phrase résonne tout au long du livre, comme un écho de ses regrets. L’auteur ne nous épargne rien. Il nous plonge dans les entrailles de la souffrance de ce père, une souffrance alimentée par une insupportable culpabilité. Il nous invite à vivre, par procuration, la chute vertigineuse de cet homme, confronté à l’ampleur du mal qu’il n’a pas vu venir. Mais au-delà de l’émotion brute, Besson nous pousse aussi à regarder de plus près l’envers du décor. Pourquoi Hugo ? Pourquoi cet enfant, intelligent, brillant, discret, a-t-il été victime d’une violence aussi sourde et implacable ? Dans le collège où il était élève, le harcèlement ne venait pas seulement des caïds de la classe, mais aussi des indifférents, des spectateurs, des complices par leur inaction. Le regard que Besson porte sur l’intimidation scolaire est sans appel : il s’agit d’un système de cruauté, où la normalité est imposée par le plus fort, où l’humiliation fait loi. Et ce qui est encore plus tragique, c’est la façon dont tout cela se joue dans un silence complice. Les autres enfants regardent, rigolent, se taisent, parfois même encouragent. Personne ne s’élève contre cette violence, et la spirale infernale s’accélère. Le père, Vincent, veut comprendre. Et nous avec lui. Il se pose des questions qui n’ont pas de réponse. Pourquoi ces garçons s’attaquent-ils à son fils ? Pourquoi ces gestes de méchanceté, ces insultes, ces coups ? L’homophobie comme justification de ce harcèlement est l’une des pièces maîtresses de l’intrigue, et c’est peut-être là que le roman fait écho à une question sociétale plus vaste : comment une société peut-elle permettre qu’un enfant soit exclu, rejeté, simplement pour avoir une identité différente ? Il y a une forme de tragédie dans ce livre qui va bien au-delà de la douleur personnelle de Vincent. La société, les institutions, les parents, les enfants eux-mêmes sont en partie responsables de cette débâcle. Ce n’est pas uniquement Hugo qui souffre, mais aussi toute une génération de jeunes qui grandit dans un climat de violence implicite. Le harcèlement, ce n’est pas seulement l’œuvre de quelques brutes, mais d’un système dans lequel la méchanceté et la peur de l’autre sont banalisées, justifiées par le silence. Et Besson nous offre cette vérité amère : **il n’y a pas de coupable unique.** C’est dans ce contexte que la marche blanche, organisée pour rendre hommage à Hugo, devient une symbolique presque insoutenable. Elle est l’expression d’un regret collectif, d’une tentative désespérée de dire : **on n’a rien vu, mais on veut se racheter**. Mais pour Vincent, cette journée symbolique ne fait que raviver la douleur. Il voit les regards des autres, les mots vides de sens, la fausse compassion des parents. Et dans son esprit, une seule pensée revient sans cesse : **trop tard.** Le père, à la fois victime et témoin, refuse d’offrir son pardon, un refus qui semble être la seule chose qu’il puisse encore posséder. Ce roman, avec une brutalité et une honnêteté que l’on ne trouve pas souvent, nous laisse sur cette question inévitable : **Comment continuer à vivre après une telle perte ?** Vous parler de mon fils est un livre d’une grande force, qui ne peut laisser personne indifférent. Philippe Besson a réussi à capturer la douleur d’un père, la douleur d’une société malade. C’est un cri de souffrance, un plaidoyer pour la prise de conscience, un appel à l’action. Ce n’est pas seulement un livre sur le harcèlement, c’est un livre sur la responsabilité de chacun, sur l’inaction et ses conséquences. Un livre à lire, mais à appréhender avec toute la gravité qu’il mérite. Un livre qui, malheureusement, nous parle encore et encore, à une époque où l’indifférence reste souvent la règle.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782260056300
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 208
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- Dimensions
- 205 x 142 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
20,00 € Grand format 208 pages