Elle s'appelait Sarah : Le livre de Tatiana de Rosnay

Première lecture de cette auteure, longtemps après avoir vu le film. Plus qu’un roman, c’ est l’histoire douloureuse d’une page très sombre de notre pays. La Rafle du Vel’ D’hiv du 16 juillet 1942. A travers le périple d’une fillette juive de 10 ans, réchappée d’un des camps du Loiret où sont parqués (le mot n’est pas joli mais reflète bien cette triste réalité) des centaines d’enfants livrés à eux-mêmes, qui remonte à Paris sortir son petit frère Michel du placard secret où elle l’a enfermé, pour le protéger, dans leur appartement du Marais en lui promettant de revenir bientôt. Ignorant que ce « bientôt » s’éterniserait. Et c’est le drame en découvrant le petit corps sans vie. Alors, la culpabilité l’accompagnera pendant 30 ans malgré toute la tendresse dont elle sera entourée. Un secret qu’elle portera seule sans rien révéler de sa vraie identité ni à son mari ni à son fils. En parallèle, sur la première partie, l’histoire de Julia, journaliste américaine mariée à un française maman d'une petite fille.. A la demande de son boss, elle doit écrire un article, à l’occasion du 60ème anniversaire de cet évènement tragique dont elle n’a jamais entendu parler et qu’elle découvre, dans toute son horreur. Ses recherches qui tournent à l’obsession se télescopent avec ses déboires conjugaux. Et la révélation d’un terrible secret de famille. Dont personne ne sortira indemne. Tout y est bien décrit. Les sentiments d’effroi, la vie qui bascule dans l’incompréhension, les doutes, les pourquoi, la méchanceté, la haine, l’humiliation et le mépris, l’indifférence aussi, l’implication et le zèle de la police française même si quelques «négligences», voulues, dans ses rangs, servirent la cause de quelques personnes juives. Mais surtout la générosité de tous ces « justes » qui, au péril de leur vie, réussirent, parfois, à déjouer les diaboliques plans d’extermination et sauver ainsi un enfant, un adulte…. Pression, suspense et compassion, au fil des pages, ont rendu ma lecture addictive. Les seules longueurs qui m’ont quelque peu agacée, la jeune femme passe du temps à comparer les deux modes de vie, les habitudes ou pas, on s’embrasse ou pas, etc…cependant, elles ajoutent, je pense, de l’épaisseur au personnage perturbé de cette jeune femme. Les nombreuses références, un enrichissement intellectuel certain, même si ce sujet douloureux ne m’est pas inconnu. C’est une plongée dans le souvenir glacial de la deuxième guerre mondiale et l’un de ses épisodes les plus dramatiques, la déportation du peuple juif. A lire. Pour ne jamais oublier.