Guyanes : Le livre de Jean-Paul Delfino

Guyanes Jean-Paul Delfino Editions Héloïse d'Ormesson, 2023 Pourquoi Guyanes au pluriel ? Sans doute parce qu'à cette époque, autour de 1870, il y a la Guyane des Blancs et celle des Noirs et des Indiens. Comme les Anglos-Saxons l'ont fait à Botany Bay en Australie, la France a choisi une contrée très éloignée de sa métropole pour y expédier la lie de sa société : la Guyane française. Trois fils de narration vont nous montrer des aspects différents de la vie en Guyane à l'époque du bagne : Clara, communarde, Mané, esclave et Joseph, fils de bonne famille française vont y croiser leurs destins. L'intrigue est passionnante et l'écriture de l'auteur nous évoque à merveille la nature foisonnante animée par les cris des animaux sauvages, tout autant que la pauvreté de la population, l'horreur de la vie au bagne et la malice des colons blancs corrompus. Le final est à la hauteur du récit. J'ai beaucoup aimé ce livre de 600 pages qui m'a été conseillé par mon cousin Christian et je m'en vais de ce pas commencer « Les Pêcheurs d'étoiles » du même auteur qui se déroule à Paris, pendant les années folles.

Quinze proverbes guyanais ou antillais ponctuent chacun des chapitres de ce roman historique où les idéaux issus de la Commune de Paris viennent s’échouer dans l’enfer des cachots du bagne. On y suit trois personnages : Clara Martinelli, accusée d’avoir incendier des biens publics lors de la révolte communale de 1871, Mané, esclave dans une plantation de coton brésilienne et Alphonse de Saint-Cussien, homme d’affaires désargenté fuyant Paris et ses dettes de jeu. Ils vont se retrouver en Guyane, territoire colonial français, à la recherche d’une liberté toute relative et ultimement d’une nouvelle existence sur laquelle se reconstruire. Jean-Paul Delfino instruit son lecteur tout en le divertissant et c’est déjà un bel exploit littéraire. Le style n’offre pas d’envolées lyriques mais se révèle efficace pour la narration; les données historiques foisonnent et se mélangent habilement au récit et mine de rien, on apprend un tas de choses sur la période post-communale et sur la colonisation de la Guyane. Les quatre étoiles que je lui accorde sont destinées principalement à la recherche minutieuse derrière la fiction et au plaisir ressenti à la lecture.