Je suis l'autre : Le livre de Berta Vias Mahou
C'est d'abord une histoire vraie : celle de José Sáez, un jeune berger – pauvre comme tant d'autres dans l'Espagne des années 1960 – dont le physique est identique, à la mèche de cheveux près, à celui qui sera bientôt le plus célèbre des toreros du XXe siècle, Manuel Benítez " El Cordobés ". Que faire d'une telle ressemblance ? Tromper les foules ? Récupérer un peu de l'argent et de l'éclat promis à un autre que lui ? Telle est la décision de José Sáez, qui descend dans l'arène avec le visage de " l'autre " au risque d'y connaître l'échec et les mauvais coups. Ce n'est pourtant pas là le danger principal qui menace José, ni même l'enjeu de ce livre. Pris par le vertige du destin et de la réussite, José met tout en œuvre pour devenir L'Autre, au point d'en oublier la contrepartie exorbitante de son choix faustien : son visage, son passé et son nom ne lui appartiennent plus. Se révèle peu à peu le thème incontournable de ce livre, si subtil, si original, si espagnol dans l'âme et dans le style : l'Identité.
Berta Vias Mahou a traduit en espagnol de grands écrivains allemands tels que Ödön von Horváth, Stefan Zweig, Arthur Schnitzler, Joseph Roth et Goethe. Elle est l'auteure de plusieurs essais, recueils de nouvelles et romans, parmi lesquels Venían a buscarlo a él (prix Dulce Chacón 2011). En 2014, elle a remporté le prix Torrente Ballester avec Je suis L'Autre.
" Berta Vias Mahou sait qu'au fond le métier d'écrire consiste à raconter la vérité. J'adore son courage et aussi l'étrange lucidité de ses histoires " – Enrique Vila-Matas
De (auteur) : Berta Vias Mahou
Traduit par : Carlos Rafael
Expérience de lecture
Avis Babelio
Shabanou
• Il y a 4 ans
"Je suis l'Autre" de Berta Vias Mahou (290p) Ed. Séguier Bonjour les fous le lectures.... Ce livre est avant tout une histoire vraie: celle de José Saez. Années 1960. José Saez a 18 ans et est décidé à changer de vie. Fini la misère qu’il a toujours connue et ses petits boulots de maçon ou de berger. A lui la tauromachie: il deviendra matador ! A peine inscrit à l’école de tauromachie, José découvre que son visage n’est plus le sien, mais celui d’un autre, Manuel Benítez "El Cordobés", dont la carrière fulgurante débute tout juste et qui deviendra le plus célèbre matador du XXe siècle. Mais il ne veut pas usurper son identité sans travailler jusqu'au moindre détail de ce qui fait la grâce si particulière de la vedette des arènes. Il se fond en lui, s'oublie et devient «L'Autre». En étant "L'Autre", José Saez ne cherche pas à forcément à mentir. Des regards se posent sur lui et veulent croire au miracle d'une rencontre avec le Dieu des arènes. Dans la sinistre Espagne franquiste, son beau visage est source d'espoir, de rêve, d'exaltation. Il n'est pas facile d'être "El otro" d'un matador.. ce serait plus facile d'être le sosie d'un acteur ou d'un chanteur plutôt que de risquer sa vie dans les arènes. "El Otro" va connaitre la gloire et la misère, l'ambition et la désillusion. Il va y perdre sa propre identité, sa propre existence. Il ne peut y avoir deux rois dans l'arène Très joli récit que nous fait revivre Berta Vias Mahou dans ce livre poignant sur l'identité. On plonge dans le monde des toreros dans les années 60, dans l'Espagne franquiste et les merveilleux villages andalous. Premier livre de cette auteure traduit en français.
GabrielNadalet
• Il y a 7 ans
Une histoire vraie qui apprend bien des choses sur la pauvre Espagne franquiste mais aussi surtout sur bien des sujets existentiels à même de concerner tout un chacun : la rivalité mimétique, l’effacement spéculaire, la fascination de l’idolâtrie et l’ignominie du sacrilège. « Tu n’auras pas à grimper au sommet, tu commenceras directement là-haut » dit un personnage à José Saez qui, avec une d’expérience à proprement parler hors norme de la vie, nous apprendra beaucoup. Une ode à la valeur si discrète de l’humilité.
arthur05
• Il y a 7 ans
D'abord en fond de ce roman l'Espagne des années soixante , entre l'Italie des Don Camillo , la Provence de Pagnol , et à l'ombre d'une dictature sombre et triste qui ne veut pas dire son nom . José Fernandes Saez est un berger , paysan sans terre qui veut devenir Torero et a les traits de la vedette des arènes de cette époque Manuel Benitez dit El Cordobes qui est en train de révolutionner les corridas par son style à la fois fou et décousu , il sera des années plus tard le cinquième Califfe de Cordoue . L'idée géniale de l'imprésario de Saez sera de faire passer son poulain pour ce dernier . Et José Saez s'incline , devenant L'Autre . Comédie des apparences....certains le trouvant d'ailleurs plus ressemblant à l'original ; il rencontrera aussi à un certain moment son modèle provoquant là un trouble ; Qui suis-je ? C'est une histoire vraie , José Saez a existé et vit toujours , c'est son portrait qui orne la couverture de cette belle édition , comparez le à une photo du vrai El Cordobès et vous comprendrez... C'est aussi l'occasion de nous parler de l'âme Espagnole qui oscille toujours entre deux extrémités , la peine et la joie , la vie et la mort , le deuil et la fête , le faux et le vrai ; d'ailleurs la corrida représente toute la dualité de ces oscillations . Berta Vias Mahou qui a écrit ce roman possède une sensibilté qu'elle exprime dans un style doux et par moment parsemé de nervures d'humour discret et un peu triste . Trés agréable découverte d'un auteur et de son beau style. Merci à Babelio Masse Crtique . Merci aux éditions Séguier , votre travail est magnifique , j'aime beaucoup .
Pecosa
• Il y a 7 ans
Je suis l'autre n'est pas un roman taurin. C'est l'histoire aussi incroyable que véridique, de José Sáez, « El Otro », qui ressemblait physiquement beaucoup à Manuel Benítez Pérez dit « El Cordobés », l'un des plus fameux toreros du vingtième siècle et qui se fit passer pour lui dans la rue comme dans les arènes. La ressemblance entre les deux hommes est si frappante que j'ai cru que la photo de couverture était celle del Cordobés alors qu'il s'agit de l'Autre. Le Cordouan était devenu dès ses débuts un personnage légendaire suivi par de fervents aficionados et ainsi que par la presse du monde entier. Lapierre et Collins lui ont consacré un ouvrage devenu best-seller, ...Ou tu porteras mon deuil et Dalida une chanson. S'il est plus facile de se faire passer pour un chanteur ou pour un acteur afin d'obtenir des avantages financiers et attirer les regards, descendre dans l'arène et imiter le style d'un grand torero devant des taureaux de 500 kilos est une autre affaire. "Dès lors, je ne pouvais plus être moi, José Sáez Fernandez, et j'allais me transformer en L'Autre, le double de Manuel Benítez Pérez El Cordobés » C'est pourtant ce à quoi Sáez va consacrer sa jeunesse, au risque de se perdre. La traductrice et romancière Berta Vías Mahou, dont j'avais beaucoup aimé le roman consacré aux derniers jours d'Albert Camus, Venían a buscarlo a él nous livre une intéressante variation sur le double, l'identité, la dualité. Elle immerge le lecteur dans le projet du personnage principal, un homme aussi pauvre et fougueux que Manuel Benítez, qui vit dans la tauromachie la seule possibilité de s'extraire de sa condition misérable. S'il ne fut pas un Goliadkine ibère, qui perdit complètement la raison et finit dans un asile, il paya un lourd tribu à son illustre jumeau. Il n'exista plus. La thématique du double ainsi que le tableau très intéressant que nous offre la romancière sur l'Espagne sclérosée des années 60 sont au coeur de ce roman qui ne contient que peu de scènes relatives à la tauromachie, à l'exception de quelques lignes consacrées à la retransmission télévisée d'une corrida. Pour l'autre, comme pour El Cordobés , la seule possibilité de sortir de son milieu d'origine dans une société cloisonnée et cadenassée par le régime, était de briller dans les arènes, ces vitrines garantes de l'identité nationale. Le populisme adore les héros et les rites mortifères (Himmler aura les honneurs d'une corrida lors de sa visite officielle en Espagne). Je suis l'Autre est un récit incroyable mais vrai d'une disparition par identification, tellement spectaculaire que l'on se demande comment Berta Vias Mahou a pu l'exhumer des décennies plus tard et la restituer dans un roman déconcertant qui a reçu le 26è me prix Torrente Ballester. Je remercie les éditions Séguier pour ce voyage dans la tête de l'Autre.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782840497400
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- Collection ou Série
- L'Indéfinie
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 296
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- Dimensions
- 213 x 150 mm
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21,00 € Grand format 296 pages