La Face nord : Le livre de Jean-Pierre Montal

C'est le cinéma qui a réuni Florence et Pierre, et plus particulièrement ce film, Elle et Lui, « An Affair to Remember », de Leo McCarey. Pierre a 48 ans, elle en a 72. Si vous n'avez pas vu le film, je vous invite à le faire en amont, votre lecture n'en sera que meilleure. Car on le retrouve jusque dans la construction de l'ouvrage. Tel le remake de la première version de Leo McCarey de 1939, « A Love Affaire » qui réunit Irene Dunne et Charles Boyer, le livre comporte lui aussi une deuxième partie. J'aime que ce soit l'art qui ait réuni ces deux êtres. J'aime encore plus que ce soit la femme qui soit plus âgée que l'homme dans ce récit. Pas si commun dans la vie et dans la littérature. Le dénouement sera-t-il le même pour Pierre et Florence ? J'aime tout de ce livre, et je vous invite à le lire de toute urgence !

L’intensité d’une histoire d’amour n’est-elle pas proportionnelle au nombre des raisons qui la rendaient inconcevable ? Parce que le miracle fait son lit dans l’absurde. Parce que les obstacles qui se dressent et l’impossibilité présumée de les surmonter (la face nord) rendent la conquête inoubliable. Elle élève plutôt qu’elle n’épuise. Au diable les années qui nous écrasent et les rides qui nous séparent, tel un infranchissable rift ; du rapprochement des âmes surgit ce sentiment qui semblait à jamais figé. Charmant, intelligent, doux-amer par instant, ce roman regorge de malice et de maximes. Il me faudrait le relire pour toutes les répertorier. Je citerais seulement la suivante : « Les choses qu’on préfère sont illégales, immorales ou font grossir », illustrant ainsi la volonté de l’auteur de nager à contre-courant si la survie d’une pensée libre en dépend (voir aussi pages 37, 38, 65, 82, 100, 132), quitte à « faire parler son connard intérieur » et laisser l’humour absoudre l’impertinence. Je retiendrai aussi le sens aiguisé de l’observation de l’auteur qui, en une phrase, parvient à résumer toute une vie de névroses (« Elle… avec ce ton à la fois enthousiaste et autoritaire des personnes élevées dans une famille nombreuse »). Jean-Pierre Montal signe un beau numéro d’équilibriste, entre exigence et désinvolture. Appréciation : #127801;#127801;

L’auteur a reçu le prix des Deux Magots pour ce court subtil roman qui conte une histoire d’amour qui rend hommage au mèlo cinématographique du début du XXIéme siècle et en particulier au film « Elle et lui » de Léo McCarey. Grâce à ce film PierreVarlin le narrateur(48ans) qui passe un peu à côté de sa vie rencontre Florence (73ans) cinéphile comme lui. Une histoire courte se joue entre eux puis Florence disparaît . Pierre découvre un roman écrit par Florence dans lequel elle raconte avoir eu à Vienne, alors qu’elle était jeune étudiante une liaison passionnée avec un écrivain Egon Dartmann,de 40 ans son aîné … Voilà donc une explication pour un amour impossible ? Comme dit un ami de Pierre, genre d’amour à aborder par la face Nord. C’est un roman couleur sépia infiniment abouti avec délicatesse, élégance et charme plus si fréquent que cela. Une bien belle lecture.

Dans son dernier roman, Jean-Pierre Montal passe par le cinéma pour faire naître une rencontre et un amour. Lors du visionnage d'Elle et lui, Florence et Pierre déclarent leur passion pour ce film de Léo McCarey. Ce qui pourrait n'être qu'une brève rencontre évolue vers un amour atypique en raison de leur différence d'âge. Leur amour survivra-t-il aux 72 ans de cette femme et 48 de cet homme, ? De cette passion, l'auteur dit peu mais suffisamment, toujours, avec finesse et élégance. La seule évocation d'une nuque ou d'une tenue manifeste le trouble qui traverse le cœur de Pierre. La simplicité et la banalité d'un " Vous m'avez manqué, Pierre" avec les mots qui ont précédé, conviennent amplement à déclarer l'attachement ressenti par Florence. La justesse et la beauté n'ont pas nécessairement besoin d'emphase. En littérature comme en architecture, l'économie et la simplicité ont du bon dès lors que l'expression recherchée est atteinte et c'est ce qui ressort de l'écriture de l'auteur. Une juste mesure dans la longueur des phrases, la manifestation de leur amour. L'évocation des souvenirs de Florence à Vienne, si elle marque une rupture avec la description de ce qu'ils vivent, permet de faire le pont avec cette ville autrichienne qui sera leur autre point commun. Quant à cette fin, la brièveté de ce 7 ème chapitre m'a beaucoup plu en raison des postures, positions, regards des personnages. Comme en miroir... Troisième roman que je lis de Jean-Pierre Montal et toujours conquise.