La pitié dangereuse : Le livre de Stefan Zweig
Mai 1914. Anton Hofmiller, lieutenant de cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Ignorant la paralysie de la fille de son hôte, Édith, il l'invite à danser, mais enchaîne les faux pas en cherchant à corriger sa gaffe.
De ce geste de compassion naît une relation faussée, où la commisération se confond avec les sentiments, la culpabilité avec la honte. Incapable de surmonter la pitié que lui inspire Édith, Hofmiller détruit peu à peu sa propre vie sans combler les espoirs de la jeune femme...
Avec
La Pitié dangereuse (1939), seul roman qu'il ait achevé, Stefan Zweig procède à la lente décomposition de son héros, dont sont disséquées une à une les lâchetés et l'hypocrisie, dans une Autriche-Hongrie à la veille de la guerre.
De (auteur) : Stefan Zweig
Traduit par : Alzir Hella
Expérience de lecture
Avis Babelio
lucascrn13
• Il y a 3 mois
La pitié dangereuse ou l’impatience du cœur dans son œuvre originale est un roman d’un peu moins de 500 pages de pur bonheur. Habitué, admirateur ou amateur de Stefan Zweig ce livre est un condensé de l’art de ce qu’on peut appeler un génie de la littérature. C’est autour des codes de la nouvelle que Mr. Zweig réalise son roman : très peu de personnage, pas de chapitre à proprement parlé et très peu de lieu. Et pourtant, quelle histoire ! Je sais que les envolées lyriques, les longs monologues mélancoliques et les discours philosophiques peuvent en repousser certains, mais lorsque ceux-ci sont si magnifiquement rédigés - accompagnés d’une justesse émotionnelle à vous bouffer les entrailles et le choix des mots et de leur poids placés non par hasard - fait en sorte que chaque phrase résonne comme un enivrement de béatitude. Le roman s’articule autour d’un sentiment universel : la pitié. Mais ici, Zweig transcende ce sentiment, le dépouillant de toute mièvrerie pour en exposer la complexité, l’ambiguïté et les dangers. La pitié dont il est question n’est pas celle qui apaise ou réconforte ; c’est une pitié accablante, dévorante, celle qui pousse à des actions irréfléchies, dictées par la culpabilité et l’incapacité de refuser l’autre. C’est au travers d’une longue histoire romanesque que Stefan Zweig vient nous présenter l’Autriche d’avant guerre (1ere guerre mondiale). Le protagoniste, le jeune lieutenant Hofmiller, devient coincer et pris au piège dans une valse de dilemmes moraux plus accablant les uns que les autres, lorsqu’il se retrouve sous la jute d’Edith, une jeune fille paraplégique fille d’un millionnaire. Un chef d’œuvre du sentiment et de la psychologie humaine, avec une sensibilité et une précision rare.
AnitaMillot
• Il y a 3 mois
En mai 1914, alors qu’il est lieutenant de l’armée autrichienne dans une ville à la frontière hongroise, Anton (Toni) Hofmiller, âgé de vingt-cinq ans, est convié à diner par la (riche) famille Kekesfalva, dans sa magnifique demeure. Issu d’un milieu fort modeste (et ignorant des codes de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie) le jeune homme commettra – bien involontairement – une bévue en invitant à danser Edith de Kekesfalva qui est paralysée … Honteux et plein de compassion, Anton lui enverra des fleurs pour se faire pardonner, sans avoir conscience de l’exact impact de son geste. Les portes de la maison Kekesfalva vont lui être alors grandes ouvertes, encouragé par un père fou d’amour pour son enfant infirme. Malheureusement, le lieutenant Hofmiller aura bien du mal à ne pas se « perdre » dans ses propres sentiments ! Ainsi, sa pitié pour la jeune fille sera prise pour de l’amour … Un très beau roman, digne des grands classiques ! Qui questionne le lecteur sur le danger de ne pas se montrer clair et honnête dans l’analyse de ses émotions. Qui interroge sur la nécessité d’une prise de conscience, afin de ne pas se conduire cruellement à l’égard de ceux qui en sont l’objet … Où débute la toxicité de la pitié éprouvée pour autrui, qui peut très rapidement se retourner contre vous ? … Et où commence une possible manipulation, de la part de celui qui en est le bénéficiaire ? Voire, à quel moment apparaît une éventuelle lâcheté, de la part de celui qui en est l’émetteur ? Gros coup de coeur pour cette tragique intrigue !
MartinEden87
• Il y a 3 mois
« Il y a deux sortes de pitié. L'une, molle et sentimentale, qui n'est en réalité que l'impatience du cœur de se débarrasser au plus vite de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d'autrui, cette pitié qui n'est pas du tout la compassion, mais un mouvement instinctif de défense de l'âme contre la souffrance étrangère. Et l'autre, la seule qui compte, la pitié non sentimentale mais créatrice, qui sait ce qu'elle veut et est décidée à persévérer avec patience et tolérance jusqu'à l'extrême limite de ses forces, et même au-delà. » Le destin du jeune officier Anton Hofmiller – basé dans une ville de garnison de l’ancien empire austro-hongrois à la veille du premier conflit mondial – va basculer après avoir accepté l’invitation du riche notable Kekesfalva en sa demeure. Impressionné par les convives de cette soirée, lui, le timide officier de basse extraction, commet un malheureux impair en invitant à danser Édith, la jeune fille paralytique du riche propriétaire des lieux. Conscient de sa méprise et envahit par un immense sentiment de culpabilité, il n’aura de cesse de tenter de réparer sa bévue. D’abord en visitant régulièrement la jeune fille, faisant naître chez elle un sentiment amoureux qu’il n’est pas en mesure de partager. Puis dans la promesse illusoire d’un traitement miracle qui redonnerait l’usage de ses jambes à la malheureuse. Enchevêtré dans ses mensonges et se refusant de briser les illusions d’un être ainsi diminué. Le prix à payer de la pitié pourrait s’avérer trop lourd à supporter. Avec « La Pitié dangereuse ou l’impatience du cœur » Stefan Zweig signe son unique roman, paru en 1939 pendant son exil à Londres. J’ai déjà à maintes reprises exprimé mon admiration pour son œuvre littéraire. Son acuité psychologique qu’il retranscrit dans des histoires où la confusion des sentiments des personnages engendre toujours son lot de drames. Il souligne ici une tendance universelle qu’a l’être humain d’user d’une pitié excessive pour des situations qui sont hors de son contrôle. Et bien souvent, pour correspondre à un comportement attendu par les normes sociales. Cette pitié qui n’a rien à voir avec une quelconque forme d’empathie, mais qui est davantage une manière de signaler inutilement sa vertu dans une situation que l’on juge inconfortable ou contraire aux bonnes mœurs. Un roman à la thématique universelle et terriblement contemporaine. Et avec son Marie-Antoinette, probablement le livre que j’estime le plus dans son immense production littéraire.
Orphea
• Il y a 1 an
Toujours très mitigée avec Zweig. Je lui reconnais encore une fois une grande finesse psychologique et un style délectable mais... bien sûr qu'il y a un "mais"... mais j'ai eu envie d'assommer ses personnages à grands coups de bon sens, leur faire rentrer la réalité du monde en pleine tronche. Nous sommes en 1914 et le monde semble tourner autour des nombrils des niaiseux, des faibles, des guindés et des oisifs. Un monde tout en sentiment, tout en mouvement du cœur, tout en délicatesse. En fait, je crois que c'est trop fin, trop subtil pour moi, trop décortiqué. Je m'aperçois à quel point je trouve cette histoire ridicule parce qu'elle ne tient qu'à un fil. Le fil est solide, il semble tout tenir d'une main de maître marionnettiste, mais je le vois, ce putain de fil ! J'ai l'impression d'entendre la petite voix dans ma tête (dites-moi que vous en avez une aussi !) qui m'assène : "Regarde comme c'est bien analysé ! L'auteur décrit les sentiments avec tant de justesse ! Que d'émotions dans ces récits !" Pfff. Oui oui, j'ai vu tout ça. Mais je m'en fous.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9791039204392
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- Collection ou Série
- Classiques d'hier et d'aujourd'hui
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 500
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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