Marie-Antoinette - Portrait d'une femme ordinaire : Le livre de Stefan Zweig

Que ce soit sous les traits de Kirsten Dunst au cinéma, ou sous le pinceau d’Elisabeth Vigée-Lebrun, les représentations de Marie-Antoinette sont nombreuses et témoignent d’une fascination indéniable pour la dernière reine de France. Mais au fond, qui est vraiment Marie-Antoinette ? Dans la biographie que lui consacre Stefan Zweig, on découvre le destin d’une jeune femme commune, rêveuse, propulsée dans le « système » versaillais qui causera sa chute. C’est un portrait plus intime et plus complexe que l’image souvent véhiculée d’une femme frivole, baignant dans le luxe et l’opulence. Mariée au dauphin Louis XVI alors qu’elle n’avait que 14 ans, Marie-Antoinette quitte l’insouciance de l’enfance en Autriche pour la cage dorée du château de Versailles. Elle y découvre un nid de vipères qui ne lui aura épargné aucune humiliation, aucun coup bas, étalant à la moindre occasion les détails des plus intimes de sa vie conjugale pour le moins chaotique. « Aucun poète ne saurait imaginer contraste plus saisissant que celui de ces époux; jusque dans les nerfs les plus ténus, dans le rythme du sang, dans les vibrations les plus faibles du tempérament, Marie-Antoinette et Louis XVI sont vraiment à tous les points de vue un modèle d'antithèse. Il est lourd, elle est légère, il est maladroit, elle est souple, il est terne, elle est pétillante, il est apathique, elle est enthousiaste. […] ainsi les aiguilles au cadran de leur vie s'opposent constamment comme la lune et le soleil. » Marie-Antoinette surmontera l’échec de ses premières années de mariage en retrouvant un élan de liberté à travers son amour pour le théâtre, la mode et les mondanités, s’échappant de la cour et de son époux mollasson dès qu’elle le peut dans son domaine de Trianon. Mais le manque de sérieux dans les affaires du couple royal agace et les complots à leur encontre se multiplient, à l’instar de l’affaire du collier de la reine qui la prendra directement pour cible. De façon très factuelle et pourtant avec un style romancé captivant, Zweig nous raconte leur chute qui se révèlera inévitable. De leurs tentatives de fuite face à la fureur grimpante du peuple, à leur procès historique et arbitraire, c’est un récit fascinant auquel nous assistons, avec impuissance et empathie, jusqu’aux dernières heures de cette tragédie. Zweig a l’intelligence d’écrire la femme au-delà du personnage et rendre à Marie-Antoinette, ses lettres de noblesse.

J'ai redécouvert l'histoire de Marie-Antoinette dès sa jeunesse où le destin la lie à Louis XVI, et ce ne sont pas des amoureux de la politique... Et on voit clairement les conséquences… assez dramatiques. La colère du peuple gronde en arrière-plan, mais de façon assez légère. On ne la sent pas vraiment monter, et la prise de la Bastille est à peine évoquée. L’auteur choisit de ne pas raconter certaines choses dont on n'est pas sûr historiquement. J’ai trouvé ça intéressant, car ça permet de rester plus proche de la réalité. Mais j’aurais aimé plus de repères chronologiques, des dates pour mieux me situer, notamment dans les titres ou débuts de chapitres. Aussi Zweig explique que la maternité a totalement changé Marie-Antoinette. Pourtant, ses relations avec ses enfants sont peu explorées… jusqu’à la fin, où, finalement, on regrette presque d’avoir voulu en savoir plus. Il y a des propos très choquants. J’avoue, j’étais quand même contente de boucler ce livre. Fiere d’être allée jusqu’au bout grâce au groupe de filles en LC ! C’était un sacré bouquin, qui a occupé une bonne partie de mon mois de janvier. En résumé : je ne recommande pas à ceux qui n’ont pas envie d’une lecture exigeante. Mais en lecture commune, c’est une expérience à tenter, car c’est un vrai moteur. Sans ça, je ne sais pas si j’aurais tenu. Je suis contente d’avoir découvert ce livre, mais je vais faire une pause avant de replonger dans une biographie. J’ai entendu parler de celle de Montaigne par Stefan Zweig… mais pour l’instant, place à des lectures plus légères !

Un roman passionnant du début à la fin, malgré sa longueur de lecture! Cette biographie est fournie de faits (bon, oui, Einstein x)) et m’a intéressée de nouveau à cette femme reine et à la Révolution française tout en étant enrichie de réflexions de l’auteur dont la plume est magnifique (bien que parfois complexe). Stefan Zweig ajoute aussi une tension, un côté «histoire contée» qui rend ces 500 pages plus palpitantes encore, il est un agréable narrateur!

Mais quel régal!! Zweig excelle dans l'art de nous raconter la vie de grands personnages! 2 coups de coeur en 2 biographies en tout cas pour ma part! On commence dans les années 1760 lors desquelles les Habsbourg autrichiens et les Bourbons français mettent en place une alliance afin de renforcer leurs positions en Europe. Marie-Antoinette, fille de l'impératrice Marie Thérèse est donc donnée pour femme à Louis XVI petit fils du roi Louis XV. On va ensuite découvrir comment les déboires de Louis XVI au lit vont impacter sa fonction de roi et surtout sa position face à sa reine... Marie-Antoinette est décrite comme une femme sublime et gracieuse mais frivole, dépensière et paresseuse ou tout du moins désintéressée par ses responsabilités.. De son côté Zweig nous dresse le portrait d'un Louis XVI simple, ennuyeux et beaucoup trop effacé pour assumer sa fonction de roi. Il n'a surtout aucune emprise sur sa femme qui va donc abuser de la situation (qui serait donc au moins en partie dû à la bagatelle...). Au final, un roi faible et une reine inconséquente ont conduit la royauté au fiasco et à tout l'engrenage qui a amené jusqu'à la révolution française. Encore une fois, le récit de Zweig sur les évènements sociaux et politiques de cette fin du 18ème est absolument passionnant et si bien documenté! Zweig nous raconte aussi que c'est dans la difficulté et une fois confrontée à la révolte du peuple qu'elle commence à assumer son rôle de reine et à révéler le meilleur d'elle-même. On va aussi découvrir que Marie-Antoinette qui n'était pas la femme dévergondée comme présentée parfois avait en revanche bien eu un amant qu'elle a aimé jusqu'à la fin et qui va jouer un rôle important. Zweig met également en lumière le fait que la notion de nations n'existait pas encore à cette époque et que l'on se bat plus pour des dynasties ou pour des idéaux. En résumé, biographie sublime qui semble peut-être légèrement pro M-A qui nous en apprend énormément aussi bien sur cette femme que sur la politique en Europe à cette époque au combien importante dans le devenir de nos nations européennes actuelles. Après Magellan et Marie-Antoinette, j'essaierai de lire prochainement la biographie de Marie Stuart je pense.