Les Aveux : Le livre de John Wainwright

Années 1980. Pharmacien respecté d'une petite ville anglaise, Herbert Grantley se présente un beau jour au commissariat pour confesser le meurtre de sa femme, morte un an plus tôt de causes réputées naturelles. Il déclare à l'inspecteur-chef Lyle l'avoir empoisonnée. Une version de l'histoire qui semble parfaite. Sauf que l'inspecteur-chef Lyle n'y croit pas... John Wainwright reprend ici en l'inversant le dispositif qu'il avait adopté dans son roman À table ! (Gallimard, 1980). C'est cette fois au suspect de prouver à l'inspecteur dubitatif qu'il est coupable. Des réparties étonnantes de vraisemblance, un récit en apparence commun mais qui va révéler une duperie assourdissante, et un excellent rebondissement qui vient pimenter un roman d’une grande virtuosité. Remarquable.

Les aveux ont été publiés en Grande Bretagne en 1986, sous le titre The tenth interview. Il a fallu attendre 2020 pour disposer d'une traduction et d'une édition françaises. Si John Wainwright est incontestablement un auteur de romans policiers et de série noire, ce roman me parait être à la frontière du genre et me semble être d'abord un roman psychologique (Un peu comme Chanson douce de Leila Slimani, paru en collection blanche, et non en Série Noire). Ceux qui l'ouvriront dans l'espérance d'une intrigue à rebondissements, d'un suspense à couper le souffle, seront déçu, car en guise de rebondissement il n'y en a guère qu'un seul (dans les dernières pages), et le suspense est quasi inexistant. Roman psychologique donc, sur le dysfonctionnement d'un couple. Ca dysfonctionne tant que ça se termine par le meurtre de l'épouse, meurtre que le mari vient avouer à la police. Les mécanismes de ce couple sont décrits avec un cynisme effrayant. On ne sait s'il faut en rire ou en pleurer et la réponse n'apparait qu'à la fin du roman. Un livre original et percutant.

Une lecture très agréable à défaut d'être palpitante. A l'instar de Une Confession, Wainwright appuie sur certains mots (qui sont écrits en italiques) pour bien insister et je trouve que cela fait sens. Pour autant, j'ai préféré Une Confession que j'ai trouvé plus abouti. Ici, je n'ai pas été entièrement convaincu par la démonstration finale de l'inspecteur-chef. Il n'en reste pas moins un roman plus que recommandable.