Loin des îles mauves - Livre II La Sans-Soleil : Le livre de Chloé Chevalier

Jusqu'au bout ce livre n'a cessé de me surprendre et de me ravir. C'est une pépite. Découvert l'année dernière, j'ai lu le premier tome de Loin des îles Mauves et j'avais adoré ma lecture. Une belle écriture, une fantasy original, riche, atypique et des intrigues qui sortent des sentiers battus des récits YA. Ce deuxième tome en est à la hauteur, on poursuit les aventures de la bande venu dans l'empire pour sauver leurs îles. Et en instaurant un commerce, ils vont changer l'ordre des choses. En bien et en mal. Ce deuxième et dernier tome explore des facettes politiques et sociales plus complexes, plus sombres et des rapports entre personnages plus mâtures et parfois plus difficiles. Si le premier tome suivait des ados, ici on sent ce passage à l'âge adulte et aux responsabilités. Le texte reste cohérent avec les personnalités des personnages sans jamais tomber dans la facilité ou l'attendu. Une excellente lecture - bien que j'ai été frustrée de certaines ellipses ou j'aurais souhaité qu'on s'attarde davantage - l'autrice parvient à clôturer son histoire avec émotion. Une fin que j'ai aimé, qui m'a touchée, même si elle peut avoir une note en demi teinte je la trouve à la hauteur du livre. Un roman pas si Young Adult que ça, avec un perso féminin bien écrit qui sort des clichés habituels ( énorme plus de voir l'endométriose traité dans ce roman!). Un univers riche dont j'aurais adoré en découvrir beaucoup plus car il a un potentiel énorme. En bref, une duologie qui a sa propre empreinte, qui développe de la nouveauté dans le paysage de la fantasy. Cette duologie mérite bien plus de reconnaissance pour les qualités qu'elle propose !

Après la découverte de l’univers, et les efforts des héros pour en modifier certains aspects (notamment la pêche à la baleine qui empêche leurs îles de trouver assez de nourriture), on reste cette fois plutôt du côté social et politique entamé lors du passage à la mine de sel du volume précédent. Avec naïveté (mêlée d’une « innocente » malhonnêteté ?), les iliens vont en effet se livrer au trafic de résine de bruyère, surnommé la Suce ou la Mauve, alors que la consommation s’étend. Le marketing, la publicité seront de mise pour ouvrir boutique et inonder le marché de cette ressource importée. Cela n’a pas l’air de bien gêner les jeunes que la consommation ne soit pas que récréative mais puisse mener à la mort, comme ils ont d’ailleurs pu le constater en chemin dans le premier opus… L’or coule à flot et là encore, le groupe gère assez mal les choses car se retrouve débordé par l’afflux de richesses, d’autant qu’à part Yvanel, la conteuse de l’histoire, ils ne se rendent pas compte des montants, eux qui sont habitués au troc et à un mode de vie plus simple. Tout ceci permet d’acheter des ressources pour les Iles Mauves où la situation a changé, impactée par le commerce désormais florissant. Révoltes voire révolution, émeutes, désastre écologique suite à la surexploitation des bruyères, remise en cause de l’ordre établi entre les hommes et les Leif, l’épopée du groupe aura un effet dévastateur sur les îles qui ne s’en remettront peut-être pas. Yvanel, elle, tantôt décideuse, tantôt court-circuitée par ses camarades, est tiraillée entre son amour pour un Manif bien distant et contradictoire, ses aspirations à s’éduquer dans un nouveau monde, le retour aux îles et au mystère entourant la mort de sa soeur mais aussi celui de sa propre naissance… Chloé Chevalier en profite aussi pour faire un passage par les Terres du Demi-Loup, dévastées par le Cataclysme qui a bouleversé cet univers, sans qu’on sache vraiment si on se situe en amont ou en aval de son autre cycle. En tout cas, le clin d’oeil est appréciable (même si la situation sur place est catastrophique !). Néanmoins, j’ai un sentiment mitigé concernant Le Sans-Soleil car, s’il se lit sans déplaisir, je n’ai pas non plus ressenti d’enthousiasme véritable, ni pour le destin des personnages (avec des réactions parfois trop contradictoires), ni pour leur univers (dont les changements ne sont pas forcément si bouleversés que cela par le groupe de personnages principaux). L’aspect trafic de drogue, soulèvement des classes populaires et révolte sanglante est parfois estompé par les errements des héros, partagés entre la vie rurale et le passage à la cité (et à l’âge adulte ?). Un diptyque de fantasy atypique, pas si young adult qu’il est présenté mais auquel il manque un petit quelque chose pour me convaincre pleinement. (avis complet sur mon blog)