Sociologie des pratiques culturelles : Le livre de Philippe Coulangeon

Défi non fiction 2025 La collection Repères, plus touffue et uniforme que les Que sais je, porte (et ça se confirme ici) des qualités de clarté (notamment par le biais de paragraphes très généraux et d'encadrés plus thématiques : ex. ici la fréquentation des musées, et par un sommaire détaillé, et une abondante biblio pour les sources). J'ai emprunté cet ouvrage en même temps que la Distinction de Bourdieu que je ne ferai que feuilleter, les deux livres sont recommandés pour mon concours culturel, et ce livre évoque (et "actualise") la distinction, aussi les lire en même temps peut présenter un intérêt. La conclusion est que les faits de distinctions, quoi que plus difficiles à interpréter (ex. un bourgeois peut avoir des goûts musicaux éclectiques et écouter un peu de hip hop), demeurent, y compris dans la façon de consommer (ex, l'identification en littérature, voir le Repères de Gisèle Sapiro, la musique comme expérience esthétique pure vs comme fond) et pas seulement dans le produit en soi. L'approche est thématique (à noter que le sport n'en fait pas partie, mais il existe des ouvrages entiers sur ce domaine) : le sociologue du CNRS commence par évoquer la stratification sociale, ce qui permet des allers retours avec la Distinction. Puis c'est au tour de la télé, "bruit de fond" chez ouvriers et retraités, et les critiques de cette dernière : si je résume très grossièrement, pour critiquer la télé il faut être soit coco (ex. l'aliénation du prolétariat même dans le loisir) soit réac (ouiiii, la culture de maaaasse). C'est là que je rejoins la critique Babelio de 2016, la télé me semble en déclin aujourd'hui, ce qui pose des questions d'actualisation (à compléter par des études comme celle, ministérielle, sur les pratiques culturelles des français). Puis il sera question de la lecture, à l'épreuve de la massification, et du rôle de l'école où la lecture occupe tout de même une place très importante. En musique, et c'est là que j'ai appris ce sur quoi j'avais mis le doigt, ce qui est bourge aujourd'hui, ce n'est pas tellement l'écoute du "classique" car même dans la bourgeoisie c'est un peu dépassé. C'est une écoute éclectique, un peu de classique, de musiques folkloriques (au passage, j'en écoute beaucoup) de jazz et de "variétés". Avec le cas du jazz qui devient musique savante aujourd'hui (j'avais lu Pourquery, petit éloge du jazz). Viennent enfin les pratiques tel le bénévolat (je ne savais pas qu'un adulte français sur deux était membre d'une association, ni que c'était plutôt un truc privilégié même si maintenant ça me parait logique) et sa valeur culturelle, ainsi que, pratique plus rare, la fréquentation du musée, du théâtre... le musée de traditions populaires, de sciences et techniques, l'écomusée, semblent à ce titre moins socialement clivants que le musée d'art, ancien ou contemporain. A noter qu'en tant que bourgeoise (fille de cadres supérieurs et faisant des études sup), j'ai "appris" que... mon rapport à la culture était très bourgeois. Ce qui m'a plutôt fait sourire, car je serais même une caricature sur patte. Une lecture instructive et bon, ok, j'ai joué à "et moi je suis dans quelle catégorie ?" tout le long. Dommage que ce soit peu actualisé comme relève une autre critique.