Thérèse Raquin : Le livre de Émile Zola

Un roman plutôt percutant. Je n'avais pas forcément prévu de lire un Zola en cette fin d'année, mais l'occasion s'est présentée d'accompagner mon fils qui est en train de le lire pour le lycée. Thérèse est une jeune orpheline qui fut élevée par sa tante Mme Raquin. Elle grandit aux côtés de son frêle cousin Camille, surprotégé par sa mère qui redoute sa santé fragile. Arrivés à l'âge adulte, Mme Raquin décide de marier sa nièce à son fils, puis ils montent tous les trois sur Paris et s'installent dans un petit appartement. Camille travaille dans une administration et Thérèse aide sa tante à tenir une mercerie, située au rez-de-chaussée. La vie est bien monotone pour Thérèse qui ne quitte jamais son logement et ne côtoie que quelques personnes proches des Raquin et qui l'ennuient profondément. Aussi le feu en elle s'éveille lorsqu'un camarade de son mari, Laurent, lui montre un certain intérêt. Une folle passion anime alors les deux amants, mais les rencontres deviennent compliquées à organiser, le pauvre Camille devient rapidement l'obstacle à leurs vices et à leur bonheur. Un plan diabolique est alors décidé pour le supprimer, et réalisé avec succès. Mais rapidement les tourtereaux sont hantés par leur crime… Et oui… le crime ne paie pas. Le roman n'est pas très long, mais heureusement, car l'auteur nous propose une intense descente aux enfers. Les chapitres courts donnent un rythme certain à ce récit qui nous plonge dans une apnée de plus en plus oppressante. Les descriptions des personnages, de leurs émotions et angoisses nous emportent dans un tourbillon toujours de plus en plus sombre. C'est très réussi. Le livre fut extrêmement critiqué lors de sa parution en 1867, allant de "littérature putride » à celle de pornographie. Zola se sentit obligé de le préfacer pour s'expliquer. « Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de eur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. »

Elevée par sa tante à Vernon, Thérèse Raquin grandit auprès de son cousin Camille, un enfant chétif et maladif. Elle l’épousera quelques années plus tard à Paris où elle tient avec sa tante une boutique de mercerie, passage du Pont-Neuf. Mais très vite, elle rencontrera Laurent, un collègue de travail de son mari avec lequel elle vivra une passion amoureuse aussi fusionnelle que destructrice… Je reconnais bien la griffe d’Emile Zola qui décrit talentueusement jusqu’où peut mener la violence déraisonnable de la passion amoureuse de deux amants dans la complicité puis le déchirement, coupables puis victimes eux-mêmes de leur folie meurtrière qui les hantera jusqu’à la fin de leurs jours. A la faveur d’un beau style littéraire, le romancier décrit, page après page, la descente aux enfers du couple. A mi-chemin entre l’étude de mœurs et le mélodrame passionnel, ce récit est admirablement construit entre une intrigue policière captivante qui fait la part belle à la psychologie de couple dans la description très détaillée des dérangements nerveux des deux amants et une relation adultère compliquée et dévastatrice qui leur sera funeste et se terminera dans un geste d’amour complice. Un magnifique roman très psychologique dans l’intensité des émotions qu’il véhicule. Il nous permet aussi de mieux appréhender les chemins tortueux que la pensée humaine et le subconscient peuvent parfois prendre, les dangers et les dérives qui en découlent pour certains êtres poussés dans leurs derniers retranchements…