Une autre ville que la mienne : Le livre de Dominick Dunne

Pour comprendre l’existence de ce roman/documentaire, il faut d’abord parler de l’auteur dont la fille a été assassinée par son petit-ami. Depuis, Dominick Dunne se sent investi d’une mission, rendre compte des affaires criminelles les plus choquantes. Le meurtre de Nicole Simpson en 1994 lui rappelle le meurtre de sa fille bien-aimée et, comme tous ses concitoyens, il se passionne pour ce fait-divers qui implique une star adulée du football US, reconvertie dans le cinéma, O.J. Simpson. Voici comment et pourquoi l’affaire O.J. Simson a divisé, a enflammé les Êtats-Unis. Un récit raconté de l’intérieur par un alter ego de l’auteur, fascinant !

Une autre ville que la mienne. Dominick DUNNE Coup de coeur 12 juin 1994, l’Amérique est en émoi. Les médias annoncent la découverte des corps assassinés de Nicole Brown Simpson et de Ronald Goldman. Nicole étant l’épouse fraîchement séparée du grand et talentueux nº32 de l’équipe de football américain Orenthal James Simpson (appelé O.J Simpson) et Ron un des amis de celle-ci. Sur place la police découvre un gant de cuir ensanglanté de très bonne facture ainsi qu’une très grande quantité de sang de Nicole et d’O.J ainsi que de l’ADN de ce dernier ( les meurtres ayants été commis par une arme blanche et les corps quasi décapités). L’enquête commence, Nicole et Ron sont enterrés et O.J doit être entendu par la police. Rien qu’une procédure très banale dans un pays où les crimes sont quotidiens. Oui mais ça se passe au pays de tous les excès ! Et O.J va s’enfuir en voiture avec son avocat au nez et à la barbe de la police, inaugurant la plus grande et médiatique course poursuite sur autoroute de tous les temps ! Filmée en live et retransmise dans chaque foyer américain et plus. Je m’en souviens je l’ai vue cette course poursuite depuis la France. Ce livre raconte ce qui se passe après : l’arrestation et le procès pour le double meurtre. Depuis la salle du tribunal, quotidiennement, par un journaliste accrédité : Augustus (dit Gus) Bailey. Ce roman est fascinant ! On y croise du très beau monde : la princesse Diana, la reine Nour de Jordanie, Nancy Reagan, Robert Kardashian (avocat d’O.J), Franck Sinatra, Madonna, Clark Gable… Gus (qui est le double fictionnel de l’auteur Dominick Dunne) est invité dans les plus grandes réceptions, il fréquente le gotha et il attire les confidences… qu’il finit toujours par trahir (même s’il a juré de les garder secrètes) dans ses articles pour Vanity fair qui l’emploie. Et ces chroniques se trouvent en début de chaque chapitre ( ce que je trouve très bien fait). Un tel comportement est risqué… très risqué dans un tel procès. Surtout pour un homme déjà très ébranlé par un drame familial ayant quelques similitudes avec l’affaire O.J Simpson…

Enthousiasmée par la série netflix sur l’affaire O.J Simpson et qui, en passant, est très bien faite, j’ai voulu en apprendre plus sur cette affaire hallucinante qui a divisée l’Amérique entre noirs et blancs entre ceux qui pensent qu’O.J est innocent et ceux pour qui sa culpabilité ne fait aucun doute. J’ai entamé ce livre, qui est dans ma PAL depuis plusieurs mois, afin d’en apprendre plus sur l’ambiance du pays durant le procès, durant cette époque, dans ce pays où les avocats sont des superstars et signent des autographes. Gus Bailey, double romanesque de l'auteur, couvre en tant que journaliste pour Vanity Fair l'affaire O.J Simpson. Il a ses entrées dans la haute société de Californie connaît Madonna, célèbre pour avoir couvert plusieurs procès et écrit des best seller. Gus Bailey est également un père qui pleure sa fille assassinée par un homme qui n’a effectué que deux ans et demi de prison. J’ai été un peu déçue par la première moitié durant laquelle j’ai eu l’impression de lire une sorte d’éloge de Gus pour qui toutes les portes sont ouvertes. Le juge lui a même attribué une très bonne place au procès, ce qui rend ses collègues journalistes jaloux. Heureusement, l’ambiance dans le pays et les stratégies des avocats finissent par ressortir et j’ai pu trouver dans la deuxième partie du livre mon compte revenant sur les stratégies de la défense allant de la conspiration au détournement du procès sur un des enquêteurs. Tout cela est enrichi par les chroniques de Gus qui m’est quand même apparu comme un personnage très sympathique friand de commérages. J'ai découvert les suites du verdict rendu par un jury essentiellement composé de noirs, la rancune de beaucoup de monde, le goût amer laissé par cette victoire fêtée dignement à la sortie de détention d'O.J Simpson dans une de ses demeures. J'avais heureusement vu la série avant le livre, j'ai pu replacer tous les personnages et les parties

Gus Bailey est journaliste d’investigation pour Vanity Fair. Autrefois, il était producteur de cinéma. Il en garde un incroyable réseau de relations. Son échec l’a plongé dans des années noires embourbé dans l’alcool et la drogue. Son divorce puis l’assassinat de sa fille furent un électrochoc. Depuis le procès à Los Angelès de Lefty Flynn, le meurtrier de sa fille, sorti de prison quelques mois après le verdict, Gus s’investit dans les enquêtes d’affaires criminelles pour clamer haut et fort la culpabilité de ceux qui sont blanchis par l’argent. Le 13 juin 1994, lors de sa revue de presse quotidienne, il est captivé par un gros titre. Nicole Brown Simpson, la femme du célèbre footballeur O.J. Simpson et Ronald Goldman sont retrouvés sauvagement assassinés dans l’appartement du joueur en Californie. Cette affaire ressemble étrangement à celle de sa fille, assassinée par un homme violent. Gus Bailey est convaincu de la culpabilité de O.J.Simpson. Mais la communauté noire le soutient. La défense compose astucieusement son jury et manipule le témoignage d’un policier pour faire de ce procès une accusation raciste. Pendant un an, chaque jour, Gus assiste au procès d’O.J. Simpson et tient sa chronique dans Vanity Fair. Mais surtout, il parcourt tous les dîners mondains d’Hollywood, régalant les célébrités curieuses des derniers potins du procès. L’enquête et le procès, éminemment intéressants, ne prennent pas toute la place de ce récit. Quelques moments de la vie privée de Gus Bailey créent une intimité avec le personnage et donnent du sens à son comportement. Mais c’est bien la vue sur ce microcosme mondain composé de stars et de personnes politiques qui envahit l’espace. Un monde superficiel qui semble vivre en vase clos, faisant la gloire de celui qui est en vue dans l’instant et tournant le dos à celui qui connaît un revers. Dominick Dunne (alias Gus Bailey) le sait, il l’a vécu. « Hollywood ne pardonne jamais l’échec. On vous pardonnera, on oubliera même, vos malversations, vos escroqueries, et occasionnellement vos meurtres, mais jamais votre échec. » Tous ceux qui lui ont tourné le dos lors de sa descente aux enfers accueillent aujourd’hui avec faste l’écrivain devenu célèbre. Mais Gus Bailey a tant besoin de cette drogue de la reconnaissance qu’il s’affiche partout auprès des plus grands. Elisabeth Taylor, Nancy Reagan, Madonna, Lady Di, impossible de tous les citer même si l’auteur, lui, prend bien soin de tous les noter. C’est pour moi le côté dérangeant du livre, celui dont je me suis lassée à force de longueurs et de répétitions, même si cela reste une très bonne vision et analyse du milieu. Un milieu qui conduit à l’acquittement des riches défendus par des avocats pénalistes dépassant les stars en célébrité. Une autre ville que la mienne est un bon roman sur ce qu’est la réalité du monde d’Hollywood au travers du procès d’O.J.Simpson.